- Citation :
- Pour commencer, nous devons découvrir la clé et la porte.
Lorsque j'étais un petit enfant, mes parents m'avaient placé chez ma vieille marraine qui avait besoin de compagnie. J'ai grandi jusqu'à 6 ans dans un univers de vieux.
Je la regardais s'endormir le soir dans son fauteuil à bascule, et j'attendais que sa bouche s'ouvre afin de voir cet incompréhensible dentier se détacher de son palais et sortir à moitié de sa bouche. Moi, j'avais beau essayer, je n'y arrivais pas. Ils sont fortiches, les vieux
Cette maison que je voyais énorme, regorgeait d'endroits merveilleux dont les fenêtres étaient closes par des volets. Ce qui les faisaient sombrer dans un noir absolu qui les faisait ressembler à la fois à des mausolées, et à la fois à des cavernes d'Ali Baba.
Il y avait ce salon qui était pleins de bibelots, souvenirs de voyage. J'étais fasciné par cette gondole qui tournait sur son support en faisant de la musique pour, en apothéose, s'ouvrir en offrant un bouquet de cigarettes. C'était plein d'objets comme ça. Je ne pouvais pas y entrer, et si j'y entrais, je ne pouvais toucher à rien.
Il y avait ce grenier, au dessus de ma chambre. La nuit, déjà terrorisé par l'image d'un visage de Christ mort illuminé par une lampe dansante, j'écoutais ces bruits bizarres qui en provenaient. Cela augmentait encore ma peur d'un cran. Dans un coin de ce grenier, dans lequel il m'était bien aussi interdit d'aller, il y avait un grand coffre pleins de jouets qui devaient avoir appartenu à un enfant mort que je n'ai pas connu.
Et puis, il y avait le jardin, avec énormément de fleurs, quasiment une forêt de végétaux de toutes les couleurs. Dans le jardin, il y avait ce énorme puits traversé par un petit pont, et dont l'eau saumâtre recouverte de petites algues semblait promettre à l'imprudent qui y tomberait de sombrer dans des profondeurs infâmes. Dans le jardin, il y avait un pigeonnier sans pigeon qui ressemblait à un château-fort avec quatre tours. Il était construit de brique peintes alternativement en rouge et en blanc. Les portes étaient fermées, bien entendu.
Et puis, il y avait la "baquèsse". C'était au bout d'une allée du jardin recouverte par les végétaux, comme un tunnel. C'était une maison d'apparence ordinaire, si ce n'est un petit plan d'eau, lui, tout à fait particulier qui était le royaume des grenouilles. Devant, il y avait une cour où j'aimais bien me laisser chauffer les os au soleil.
La "baquèsse" était fermée (ça vous étonne ?). À l'intérieur, il y avait toutes les sortes d'animaux empaillés que personne ne venait jamais voir. Ils vous regardaient de leurs yeux figés. Je m'attendais toujours à ce que cet endroit figé dans le temps, se remette à vivre, et j'imaginais des plans de retraite pour le cas où cela se produirait.
Je pourrais vous parler pendant des heures, voire des éternités, de cet endroit à la fois fascinant par ses merveilles et ces dangers. J'étais Indiana Jones à la recherche des clés et des portes.
Voilà, l'aventure à laquelle je vous invite. J'ai donné le beau rôle à Lisa, notre grande sœur, et je suis peiné qu'elle n'en veuille pas. Ceci dit, dans cette aventure, tous les rôles sont complémentaires.
Laissez vous sombrer dans vos rêves d'enfant, et qui dit rêves dit également cauchemar. Saurons-nous déjouer les pièges qui nous attendent ? Heureusement, il y a Lulu. Il adore pisser dans les endroits les plus incongrus pour augmenter son territoire. Ne vous mettez pas entre lui et sa cible
Les enfants adorent les histoires qui font peur, à condition que la fin soit heureuse.