Je me suis fait insulter par des membres de ma famille qui m'ont traité de "progressiste" et ont utilisé le terme de "chancre progressiste" !!
Je travaille à un texte pour leur répondre.
Progressisme : la définition classique :
« Le progressisme est une philosophie politique favorable aux réformes sociales. Il est fondé sur l'idée de progrès selon laquelle les avancées dans les domaines de la science, de la technologie, du développement économique et de l'organisation sociale sont essentielles à l'amélioration de la condition humaine. ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Progressisme#:~:text=Le%20progressisme%20est%20une%20philosophie,am%C3%A9lioration%20de%20la%20condition%20humaine.
Or, sous la plume de certains « progressiste » devient une insulte, comme s’il était honteux d’être favorable au progrès scientifique, technique, économique et social.
Mon premier réflexe a été de penser que les personnes qui utilisent le terme progressiste comme une insulte sont contre le progrès scientifique, technique, économique et social, ce qui donne une triste image d’eux.
Puis je me suis souvenu que le président Macron s’était proclamé progressiste ! Je me suis donc dit qu’en fait, ces personnes pouvaient être des opposantes à Macron et que c’était plus compliqué, d’autant plus que le progressisme peut prendre de multiples formes. J’étais donc dans l’incertitude.
Heureusement, l’une d’entre elle m’a envoyé une référence intéressante adressée par une personne qui semble être du côté de ces « certains », qui me permet de mieux comprendre leur pensée.
https://www.journaldemontreal.com/2018/11/15/en-occident-le-progressisme-est-lideologie-dominante-entretien-avec-martin-lemay
« En Occident, le progressisme est l’idéologie dominante. On pourrait la résumer en la défense et la promotion des minorités, de la mondialisation, des droits de l’homme, de l’égalitarisme, du multiculturalisme et de l’immigration massive. »
Cette définition est précédée par une affirmation manifestement erronée. Les résultats des élections en Espagne, en Italie, en Pologne, en Hongrie, en Norvège, etc., la démentent. Passons.
Ensuite l’auteur dénonce une alliance entre progressistes et capitalistes qui feraient partie d’une même élite voulant maintenir sa domination. Cette élite qualifierait ses opposants de populistes. En fait, il s’agirait d’une réaction populaire conservatrice, de bon sens, pour retrouver des conceptions sociales traditionnelles, et lutter contre l’atomisation du monde.
À titre de seconde remarque préliminaire, je dirais juste qu’en France, en fait, le pouvoir actuel qui est du côté du capitalisme financier, qualifie l’ensemble de ses opposants de populistes, qu’ils soient « conservateurs » ou « progressistes », pour mieux les disqualifier intellectuellement et politiquement.
Pour en venir au fond, à mon sens, l’ensemble forme une sorte de gloubi-boulga assez indigeste.
En effet, mette dans le même panier progressistes et capitalistes revient à marier la carpe et le lapin, Mélenchon et Macron, que beaucoup oppose.
Surtout, la définition mélange 5 sujets :
- la défense et la promotion des minorités, des droits de l’homme,
- l’égalitarisme,
- le multiculturalisme,
- la mondialisation,
- l’immigration.
Et elle oublie la laïcité.
Si on ne revient à la définition du progressisme, la défense et la promotion des minorités, ainsi que des droits de l’homme en constituent des éléments essentiels.
Je dois en conclure que ceux qui utilisent le terme « progressiste » comme une insulte sont contre ces notions, et sont donc pour l’écrasement des minorités et leur discrimination, contre l’idée même de droits de l’homme exprimée par la déclaration universelle de 1948 : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » .
Cette égalité s’entend, entre autres, indépendamment du sexe, de la religion, de l’orientation sexuelle, de la prétendue race, ou de l’origine géographique. Refuser l’idée d’égalité dans ce sens revient à promouvoir discrimination et oppression, pourquoi pas à accepter l’esclavage. Historiquement, les nazis étaient totalement contre cette idée.
En fait, progressiste ou non, tout individu devrait accepter cette conception.
Appliquer le mot « progressiste » comme une insulte à ceux qui croient dans l’idée de droits de l’homme et dans l’article 1er de la déclaration universelle amalgame aussi bien les penseurs libéraux comme les philosophes et économistes des lumières et des 19ème et 20ème siècles, que les penseurs socialistes. Or, en simplifiant, cet accord est à peu près le seul entre eux.
Il est vrai que la notion égalitarisme peut aussi prendre un sens social. Beaucoup de « progressistes », tels que définis ci-dessus pensent aussi que le progrès suppose que la société aille vers plus d’égalité.
Vient ensuite le multiculturalisme. La notion est complexe. Au premier niveau, elle part de la constatation que, sur un territoire donné, des populations de cultures différentes coexistent.
Culture est un mot polysémique. Pris dans ce contexte, la culture peut être définie comme la vision du monde d'un groupe humain. Un des premiers états à se reconnaître comme multiculturel a été le Canada, en 1971, dans le but de mieux reconnaitre et intégrer la communauté québécoise, francophone et catholique, dans un monde anglophone et protestant.
Qu’on le veuille ou non, nos sociétés sont multiculturelles, indépendamment de toute immigration. En France, les cultures catholiques, protestantes et juives coexistent depuis longtemps.
D’autres groupes culturels se sont installés en France. Là encore c’est une réalité. Aujourd’hui, on célèbre les immigrations italiennes et polonaises qui ont eu lieu au 19ème siècle, puis dans l’entre-deux guerres. Or, à l’époque, ces populations ont connu le même rejet que les immigrés plus récents, cf. par exemple,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_des_Italiens_d%27Aigues-Mortes .
Les mineurs polonais arrivant dans le bassin minier ne s’intégraient pas, pour de multiples raisons et il a fallu attendre l’après-guerre et les 30 glorieuses.
Pour moi, la limite du multiculturalisme tient en quelques idées, notamment celles de droits de l’homme et de laïcité.
De ce point de vue, en tant que progressiste, je me sens plus proche d’un musulman laïque et croyant dans l’idée d’égalité en doit des hommes, que d’un chrétien intégriste et raciste.
Si on en vient à la mondialisation, on constate le haut niveau de confusion de ceux qui font du mot progressiste une insulte.
En effet, la mondialisation est définie comme le « libre échange des marchandises, des capitaux, des services, des personnes, des techniques et de l'information. Il désigne le processus d'intégration des marchés et de rapprochement des humains qui résulte notamment de la libéralisation des échanges, du développement des moyens de transport de personnes et de marchandises, et des retombées des technologies de l'information et de la communication (TIC) à l'échelle planétaire. Elle se manifeste, outre l'interdépendance croissante des économies (mondialisation économique) et l'intensification de la concurrence, par l'expansion des échanges et des interactions humaines. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mondialisation#:~:text=Selon%20la%20conception%20unitaire%2C%20la,approche%20g%C3%A9ographique%2C%20id%C3%A9ologique%20ou%20%C3%A9conomique.
La mondialisation économique est un fait, avec ses limites évidentes. Elle est voulue par les capitalistes. Elle est également culturelle.
Elle est vue positivement par certains tenants du capitalisme qui pensent que la mondialisation apportera la paix. L’histoire récente constitue un démenti cinglant.
Beaucoup de « progressistes » ne se reconnaissent pas en elle. En effet, pour eux, la mondialisation signifie le libre champ donné au capitalisme financier le plus sauvage. Cela ne leur interdit pas de rechercher les échanges culturels et la coopération entre les peuples.
Toujours est-il que mettre ensemble les tenants des deux conceptions est absurde.
Enfin, les progressistes seraient « immigrationnistes », c’est-à-dire partisans d’une totale liberté d’immigrer pour tout individu qui aurait le droit de s’installer n’importe où il le souhaite, de manière inconditionnelle. Des partisans de cette idée existent, ultra minoritaires, pour des raisons évidentes.
Entre l’impossible immigrationnisme et l’impossible totale fermeture des frontières, toutes les nuances sont possibles. Des patrons, qui ne peuvent être regardés comme « progressistes » sont favorables à une importante immigration de travail, ne serait-ce que parce que les immigrés, de préférence en situation irrégulière, fournissent une main d’œuvre bon marché et peu revendicatrice.
Ceci dit, les mouvements migratoires actuels ne constituent qu’un prélude. Avec le changement climatique, des centaines de millions de gens vont devoir se déplacer, y compris des américains et des européens du sud, dans les pires hypothèses. Il faudrait se préparer à ce changement qui aura des conséquences migratoires autres que celles connues actuellement.
Curieusement, les personnes qui utilisent le terme « progressiste » comme insulte, nient ce phénomène ou refusent d’en voir les conséquences.
J’ajouterai que la laïcité a pour objectifs de garantir le respect de la liberté de pensée, de conscience et de religion ainsi que le respect de l’égalité de traitement des citoyens. Elle suppose la séparation des Églises et de l’État ainsi que la neutralité (au sens d’impartialité) de celui-ci, de ses institutions, fonctionnaires et représentants.
Elle constitue donc une condition du vivre ensemble dans un pays dont les habitants sont de confession différentes ou non croyants. Elle ne constitue pas un instrument de combat contre une religion au profit d’une autre.
En conclusion, j’en reviens à mon point de départ, les personnes qui utilisent le mot « progressisme » comme une insulte, se positionnent en fait comme contre :
- l’idée même selon laquelle tous les hommes naissent libres et égaux en droit,
- l’idée que les avancées dans les domaines de la science, de la technologie, du développement économique et de l'organisation sociale sont essentielles à l'amélioration de la condition humaine.
Ils construisent un monstre pour combattre ce qu’ils disent être ses idées en dissimulant plus ou mou moins leur objectif.
En fait, soit ils ne savent pas ce qu’ils disent, soit ils montrent qui ils sont.
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Tout smouales étaient les borogoves