philo Z'amis
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| Rencontre d'une vie. | |
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+5grand pierre Nelly Brumes marie-josé Ronin 9 participants | |
Auteur | Message |
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Ronin **
| Sujet: Rencontre d'une vie. Dim 22 Jan - 20:23 | |
| Textes autobiographiques de Ron Uribe. Chapitre 1
La rencontre
« Quand on met le poids de la vie non dans la vie, mais dans l’au-delà – dans le néant – on a tout simplement privé la vie de sa gravité. ». L’antéchrist. F. Nietzsche.
Terre sèche et vent froid Pierres blanches et salées Parfums mauves et suaves
Ses mots M’ont fait trembler bien des fois Et empêché de dormir bien des nuits
C’est la plus belle chose qu’il me reste Des nuits et des tremblements
Il est passé devant le soleil. J'étais assis sur une pierre reprenant un souffle effiloché aux branches et rochers du chemin. Un sentier qui gravissait en serpentant cette petite montagne que les gens du coin appellent « le pilon du roi ». Le pilon, c’est un gros rocher gris qui s’élève comme un doigt, il pointe vers le ciel plus de soixante-dix mètres de falaise. Son périmètre ne dépasse pas la centaine de pas. Depuis combien de millions d’années m’attendait-il, secoué par un vent qui lui livrait une bataille incessante ? L’adolescent que j’étais, venait chercher auprès de lui une sorte de protection paternelle. Il était aussi un ami à qui je confiais mes peines et mes craintes. Pas un arbre n'avait réussi à prendre pied ici, que des pierres et de la poussière en guise de terre. Un vent fou hurlait jour et nuit presque trois cent soixante cinq jours sur trois cent soixante cinq. Il y avait bien quelques pins sylvestres sur la façade sud, un peu plus bas. Le vent passait au-dessus de leur tête en les ignorant. Quelles bêtes auraient pu vivre là ? Quelques chèvres dans le temps de Pagnol avaient sans doute dessiné ces sentes encore visibles de nos jours.
Lorsqu'il s'arrêta devant moi, en sifflant un salut qui ressemblait au chant du mistral sur le roc, je ne pus rien discerner d'autre que ses chaussures, tant le soleil éblouissant faisait de lui une ombre chinoise gracieuse, et de moi, une tomate roussie. Je ne l'avais pas entendu arriver. Sa voix me fit sursauter, je venais de m'asseoir un instant plus tôt. Comment avait-il pu se trouver devant moi si rapidement, sans que je perçoive son mouvement ? Je me répondis en moi-même que le bruit de ma respiration essoufflée avait du recouvrir celui de ses pas, et que sans doute il n'était guère loin quand je décidai de m'arrêter. Le vent, la sueur, mon souffle haletant et la chaleur m'avaient coupé d'une partie de mes sens. Ses chaussures étaient des sandales de cuir. Comme celles que les moines portaient au temps jadis, du moins c'est ce que je me figurai. Lorsqu'il s'aperçut de ma gène et de mon éblouissement, il s'écarta un peu me laissant le loisir de le regarder. Tout d'abord ce sont ses yeux foncés et légèrement riants qui me frappèrent, puis son chapeau de feutre noir enrubanné d'un tissu multicolore. Sous sa chemise fleurie, grande ouverte, brillait une sorte de débardeur blanc sans tâche aucune. Un homme entre cinquante-cinq et soixante-cinq ans se tenait devant moi, droit dans son jean appuyé sur un bâton de marcheur. « Belle journée pour marcher en solitaire, n'est-ce pas? » me lança-t-il comme pour démarrer une conversation ou me rassurer.
C'était le jour de mes dix-sept ans. Le premier jour d'une année de longues marches dans la nature, en pleine forêt et dans les collines entre Marseille et Gardanne. Mais ces marches n'étaient pas de simples randonnées. De celles où l'on compte le temps et les pas pour s'assurer du chemin parcouru, c'étaient des marches vers Dieu, ou du moins ce que je croyais être Dieu. Il fallait bien qu’un créateur existe, cela représentait pour moi la clé de toutes les énigmes, « où était donc l'erreur ? Car il n'y avait pas de doute, la cigogne s'était trompée de planète! ». Alors, je le cherchais, persuadé qu’il se montrerait plus facilement dans des lieux comme celui-ci. Le silence des sommets doit ressembler à celui des déserts, l’esprit s’y occupe différemment. Le dialogue intérieur se simplifie, les pensées se réduisent, réduisant l’ego. Ce n’est pas vous qui accomplissez la métamorphose, non, c’est bien la force qui habite ces endroits. Celle qui respire sous le manteau du silence. Vos pensées se dilatent, vous touchez à des parties secrètes de votre être. Le dialogue n’est pas stoppé, il change de forme, comme si une troisième voix se mêlait à votre conversation interne. Pour ces raisons, je ne me sentais pas seul lorsque je me trouvais sur la montagne. Je parlais avec quelqu’un, je ne pouvais le nommer ni le définir, mais je sentais bien sa présence. La « chose » était là, dans l’air et parfois dans la pierre, elle flottait comme un fantôme, elle me touchait la peau parfois, me caressait les cheveux, me faisait frémir dans un sentiment mêlé de joie et de crainte.
Selon mes parents, j’étais un enfant difficile. Mon premier souvenir remonte à l’année mille neuf cent cinquante sept. J’avais donc deux ans. Nous vivions au Maroc, dans la ville de Casablanca. Pays que nous quittâmes l’année suivante à cause des troubles politiques que le monde appelait les « évènements ». Qu’a donc déposé ce pays dans mes cellules ? Je me souviens des images qui me hantaient durant ces années qui suivirent. Souvent elles surgissaient de cette mémoire qui ne porte pas bien son nom. Au hasard d’une conversation, au détour d’une rue, en pleine classe alors que l’instituteur, Mr Pierron, m’interrogeait sur la leçon que je n’avais pas su retenir. C’étaient des images emplies d’une lumière blanche éblouissante. Voilà ce que ce pays et surtout cette ville blanche a imprégné dans ma chair. Ce devait être une après-midi, je venais de me réveiller d’une sieste indispensable. Les murs de la salle où ma mère avait installé mon lit étaient colorés sans doute, mais je ne m’intéressais ni aux murs ni aux meubles, ni aux toits. Seul le couloir avait un sens pour le petit bonhomme que j’étais, il donnait sur la cour extérieure. Au bout de ce couloir une énorme bouche aveuglante me faisait signe d’approcher. A cause de cette lumière, je ne pouvais regarder devant moi pour me diriger. Mes mains devant les yeux, j’avançais en suivant les dalles qui traversaient la pelouse. Mon instinct de petit garçon devait savoir qu’en marchant vers la chaleur de la cour, je trouverais la « mère » allongée dans sa chaise longue, sous l’ombre généreuse et lourde d’un palmier. Je traînais derrière moi le petit drap blanc dont on me couvrait afin que les mouches ne perturbent pas trop mon sommeil. Je marchais en grimaçant, j’étais mécontent comme un enfant qui vient de s’éveiller et voit sa solitude. Les enfants ont toujours peur d’être abandonnés, n’est-ce pas ? Je me souviens avoir traversé la cour en gémissant. Celle qui fut mon premier repère dans la vie. Celle dont je ne pouvais douter, émergea de son sommeil en marmonnant des mots qui sonnaient comme une réprimande. Il n’était pas bon que l’enfant soit déjà réveillé, qu’on allait le reconduire illico jusqu’à sa couche. Tel est le premier souvenir que j’ai de mon entrée dans ce monde. Une grande chaleur, une lumière aveuglante, des panneaux blancs partout qui renvoyaient les éclats éblouissants d’un soleil permanent.
La suite si vous le désirez. | |
| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 23 Jan - 1:36 | |
| vraiment ,oui la suite, c'est très agréable à lire
fais nous partager tes écrits | |
| | | Ronin **
| Sujet: 2 Lun 23 Jan - 5:52 | |
| Je n’étais donc pas un enfant facile ; désobéissant et rêveur, je renâclais à la tâche. Indiscipliné et turbulent, je mettais toujours trop de temps à comprendre. Le temps de l’école arriva, J’ai traversé ces années de maternelle comme un extra-terrestre. Chaque jour, je me demandais pourquoi il fallait que je quitte la maison pour faire des gribouillis, faire la sieste dans un lit étranger, demander la permission pour aller aux toilettes ou alors se laisser aller à faire dans sa culotte. Dans le cadre scolaire, on remarqua très vite ma nature associable. Les autres enfants me regardaient à peine tellement je devais avoir sur ma figure un air sauvage et renfrogné. Le temps des récréations, je le passais le dos appuyé contre un mur de l’école. Refusant de participer aux activités de la communauté d’enfants, je finis par me faire oublier, j’étais devenu invisible. Ces deux premières années de scolarité plantèrent les racines du jeune être qui s’est constitué par la suite. Le monde m’était incompréhensible, les personnes, jeunes ou adultes parlaient une langue que j’avais beaucoup de difficulté à déchiffrer. Je précise que la langue française est toutefois ma langue maternelle. C’est comme si le système émetteur/récepteur dysfonctionnait. J’entendais bien chaque mot de la façon correcte lorsqu’ils étaient isolés. Dés qu’on les rassemblait, qu’on les mettait dans l’ordre exigé par la discipline de la phrase, un brouillard s’installait. J’en perdais des morceaux et parfois le tout. Une grande faculté d’égarement occupait mon esprit. Raison pour laquelle tout le monde s’accordait à me qualifier de « rêveur ». Lorsque la famille sortait faire ses courses dans les grands magasins, le grand frère avait la consigne de ne pas me lâcher la main. Jusqu’à l’âge de neuf ans, combien de fois m’a-t-on perdu ? Dans les zoos visités, dans les rues de la ville, alors que je marchais en compagnie de toute la famille. Dans les grandes surfaces où ma boussole interne n’écoutait plus que les influences magnétiques des rayons de confiserie. Du parasol planté dans le sable de la plage de Berk, à trente mètres de l’océan, j’ai su marcher jusqu’à l’eau, mais n’ai jamais retrouvé le chemin du retour. Il y avait bien trop de monde, trop de parasols semblables, trop de corps nus et maillotés. C’était pour mon esprit évaporé un labyrinthe inextricable. J’ai donc suivi la ligne sablonneuse que le soleil et la mer se disputaient, me disant que j’allais bien finir par tomber sur un de mes frères. J’étais désespéré et je ne pouvais savoir qu’en suivant cette trace c’est vers moi que je marchais. Symboliquement, j’ai l’impression que cette ligne entre terre et mer, entre connu et inconnu, entre intimes et étrangers est très présente à ce jour. Adolescent, je recherchais la compagnie des crêtes montagneuses. Les sommets exerçaient une attirance magnétique sur mon âme. Dans leur solitude je trouvais la protection essentielle. Passer des journées entières à errer dans ces collines, le long des torrents, sur les Causses, joua pour le jeune homme que j’étais le rôle d’un second placenta. J’aimais lire dans ces lieux sauvages et construire ma personnalité brique après brique de mes réflexions. J’y ai développé également des instincts. Ces moyens de communiquer que l’on accorde volontiers aux animaux en compensation d’une intelligence qui leur ferait défaut. La part interventionniste de ces instincts en moi, rendait plus trouble encore la ligne qui sépare les espèces humaines et animales. La nature était mon royaume et dans mon imagination, je régnais comme Tarzan sur sa jungle. Je savais pister, reconnaître l’animal à la trace, me cacher lorsque je percevais les signes d’une intrusion étrangère. Ces marques, ces repères, que je ne voyais pas dans les jardins des hommes et dans leur société, cette absence de signe et de reconnaissance, ce sentiment d’être un étranger dans sa propre maison, c’est la nature et tout ce qu’elle contient de vivant qui m’aida à le porter. Mes parents étaient de bons sujets, de dignes représentants de cette humanité sociale. J’entendais dans leurs discours toute l’incohérence du système qu’ils voulaient me faire adopter, leurs arguments me rappelaient ceux des bonimenteurs de foire. Comme je ne pouvais aimer leur vision de la vie et du monde, je devins un rebelle à leurs yeux. Dès ma dixième année, mon sentiment que les adultes étaient des menteurs se cristallisa. Ils se battaient pour que leurs enfants ne cherchent pas d’autres traces que les leurs. Ils projetaient leurs idéaux bancals, leurs projets sociaux, leurs croyances, sur leurs enfants. Leur affection et leurs bras enserrés, autant de barreaux qui se refermaient sur moi. Dès que je le pouvais je m’évadai, il y avait toujours un lieu sauvage pour m’accueillir. La nature combla le fossé, la part manquante, celle que je ne voulais recevoir de mes parents, c’est elle qui me l’offrit. C’est dans un de ces lieux de prédilection que je rencontrai l’homme qui marqua ma vie d’une façon décisive.
« Oui, j'aime bien la solitude, lui répondis-je, et j'adore cet endroit perdu ! ».
— Les endroits perdus sont bons pour trouver son chemin, n'est-ce pas ?
Il s'assit sur une pierre, presque en face de moi et me proposa sa gourde. Je la refusai en le remerciant car je préférais endurer la soif plutôt que de boire à un goulot étranger. Il me rendit ma politesse avec un sourire qui remontait jusqu'aux oreilles. Ce sourire, c'était évident, ressemblait à une moquerie mais je n'en laissai rien paraître. Nous restâmes de longues minutes à nous regarder dans les yeux sans prononcer un mot. Moi, parce que je nourrissais une suspicion à son égard : que pouvait bien vouloir cet homme mûr à un adolescent qui semblait un peu perdu dans sa tête en un lieu tout aussi perdu ? Et lui visiblement, profitait de ce dialogue muet pour m'explorer plus profondément. Il me fit penser dans cet instant à un médecin détaillant le patient qui entre dans son cabinet. Ses yeux ne cessaient de sauter d'un point à l'autre de mon visage, d'une partie à l'autre de mon corps. Je me souviens d'avoir comparé son regard à celui de ces hommes qui se battent contre le courant des rivières, un tamis entre les mains fixant le fond caillouteux espérant voir surgir de l'eau la pépite d'or tant convoitée. Comme on chasse le papillon exceptionnel, celui qui d'un coup d'aile reposera dans un ordre nouveau toute une vie éparpillée dans les traverses des cités, de ces cités qui nous dérobent nos intimités pour les fondre en une seule, celle du citoyen. Le papillon, il le saisit enfin. Je le compris tout de suite lorsque je vis ses yeux rivés sur un petit morceau du livre qui dépassait de la poche de mon gilet. Suffisamment pour qu’on puisse en lire l’intitulé. En ce temps-là je trempais jusqu'au cou dans les évangiles. Une femme rencontrée quelques mois plus tôt alors que je m'étais enfui de la maison, m'avait accroché sur le trottoir. Sortant de je ne sais où, elle avait posé sa main sur mon épaule pendant que je contemplais un magnifique écureuil qui se croyait à Luna-park et faisait tourner à toute vitesse la grande roue de sa cage. Je me sentis si proche de lui. J'étais bien comme cet écureuil, aussi prisonnier que lui et j'eus envie de l'ouvrir cette porte, le libérer m'aurait donné l'illusion de me libérer moi-même.
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| | | Ronin **
| Sujet: 3 Lun 23 Jan - 15:15 | |
| « Oui, j'aime bien la solitude, lui répondis-je, et j'adore cet endroit perdu ! ».
— Les endroits perdus sont bons pour trouver son chemin, n'est-ce pas ?
Il s'assit sur une pierre, presque en face de moi et me proposa sa gourde. Je la refusai en le remerciant car je préférais endurer la soif plutôt que de boire à un goulot étranger. Il me rendit ma politesse avec un sourire qui remontait jusqu'aux oreilles. Ce sourire, c'était évident, ressemblait à une moquerie mais je n'en laissai rien paraître. Nous restâmes de longues minutes à nous regarder dans les yeux sans prononcer un mot. Moi, parce que je nourrissais une suspicion à son égard : que pouvait bien vouloir cet homme mûr à un adolescent qui semblait un peu perdu dans sa tête en un lieu tout aussi perdu ? Et lui visiblement, profitait de ce dialogue muet pour m'explorer plus profondément. Il me fit penser dans cet instant à un médecin détaillant le patient qui entre dans son cabinet. Ses yeux ne cessaient de sauter d'un point à l'autre de mon visage, d'une partie à l'autre de mon corps. Je me souviens d'avoir comparé son regard à celui de ces hommes qui se battent contre le courant des rivières, un tamis entre les mains fixant le fond caillouteux espérant voir surgir de l'eau la pépite d'or tant convoitée. Comme on chasse le papillon exceptionnel, celui qui d'un coup d'aile reposera dans un ordre nouveau toute une vie éparpillée dans les traverses des cités, de ces cités qui nous dérobent nos intimités pour les fondre en une seule, celle du citoyen. Le papillon, il le saisit enfin. Je le compris tout de suite lorsque je vis ses yeux rivés sur un petit morceau du livre qui dépassait de la poche de mon gilet. Suffisamment pour qu’on puisse en lire l’intitulé. En ce temps-là je trempais jusqu'au cou dans les évangiles. Une femme rencontrée quelques mois plus tôt alors que je m'étais enfui de la maison, m'avait accroché sur le trottoir. Sortant de je ne sais où, elle avait posé sa main sur mon épaule pendant que je contemplais un magnifique écureuil qui se croyait à Luna-park et faisait tourner à toute vitesse la grande roue de sa cage. Je me sentis si proche de lui. J'étais bien comme cet écureuil, aussi prisonnier que lui et j'eus envie de l'ouvrir cette porte, le libérer m'aurait donné l'illusion de me libérer moi-même. C'était un jour magique. J’étais cloué dans ma chambre par une tempête d'une grande violence. Interdiction de sortir le vélo de collection de mon père sous la pluie. Une autre tempête avait éclaté dans la « maison », avec ma mère, à cause de devoirs scolaires non effectués. Je tournais en rond comme un félin dans sa cage implorant une météo plus clémente. Le ciel parut sensible à mon désespoir enfantin, car trente secondes seulement s'écoulèrent lorsque je vis un cercle bleu s'ouvrir à l'aplomb de la fenêtre. Le soleil s'invitait dans mon antre, l'ouverture dans les nuages ne semblait se créer que pour moi. Les rais se faufilèrent jusqu'à mon pardessus qui pendait à la porte. Je bondis sur mes jambes : « Incroyable ! Il doit y avoir quelqu'un là-haut qui me voit ! ». Sans perdre une seconde j'ai enjambé le balconnet et sauté sur l'herbe un étage plus bas. Mon « cheval de fer » m'attendait sagement à la cave, un vélo unique, fait à la main, avec des vitesses automatiques. Je l'enfourchai et m'envolai dans les rues du quartier. J'allai sans but précis, l'essentiel étant de dépenser cette énergie qui menaçait d'exploser. C'est devant cette cage que je m'arrêtai, elle était là, sur la terrasse d'un café.
« Toi tu es malheureux ! ». Me dit-elle, lorsque je me retournai en suivant du regard sa main qui me touchait, jusqu'à son épaule puis sa bouche et enfin ses yeux.
— Tu te drogues ! N'est-ce pas ?
— Non, non vous vous trompez madame ! Je ne me drogue pas ! M'écriai-je surpris et gêné à cause des oreilles tout autour.
La gitane se trompait, j’ignorais tout des stupéfiants, mais elle avait vu clair sur ma tristesse et mon désarroi.
« Tiens ! ». Me dit-elle en me tendant un livre bleu sorti d'un des pans de sa longue jupe sans doute…
« Tu viens donc lire les évangiles dans ces montagnes pelées ? », lança t-il vers moi avec un petit air de provocation là où les lèvres rappellent deux pétales de rose brillants de rosée. Et y trouves-tu ce que tu cherches ?
Je ne répondis pas tout de suite, ce qu’il venait de dire me ramena à ma gitane. Elle avait ajouté en m’offrant son livre : « tu verras ! Tu y trouveras l’aide dont tu as besoin, lis-le je t’en prie ! ». Etonné de cette générosité j’avais répété trois fois au moins « merci madame ». Cette femme m’inquiétait par sa démarche inhabituelle. Je n’ai pas attendu davantage pour reprendre la direction de l’appartement que « la famille » occupait cité du Grand Verger. S’il y avait un sujet qui m’intéressait, c’était bien celui-là. Il me tendait la perche le « bougre ». Depuis des mois je potassais quotidiennement ce bouquin. J’étais sûr d’en connaître la matière. Je me sentais porté par le costume d’un théologien.
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| | | Ronin **
| Sujet: 4 Lun 23 Jan - 15:16 | |
| — Bah, je l’emmène partout avec moi, je crois bien que oui, j’y trouve des réponses par tonne, vous connaissez je suppose ?
Il fit comme s’il n’avait pas entendu ma question et enchaîna sur ces mots. « Ah bon ! Il y a tant de questions que cela dans ta tête ? Comme par exemple ?».
Je décidai de l’imiter en ignorant la seconde partie de sa question.
— Je pose le livre sur une pierre, le vent tourne les pages à son gré. Lorsqu’une page reste ouverte quelques secondes je la lis. Je trouve toujours la réponse à une de mes questions en cet instant. Est-ce qu’à votre âge on ne se pose plus de question Monsieur ?
Mes mots méritaient sans doute le large sourire dont il me gratifia, bien que je ne visse pas ce qu’il y avait de drôle dans mes propos.
— A mon âge, je l’espère, on ne cherche plus les réponses dans un livre. Mais sans doute as-tu raison, on ne se pose plus beaucoup de question. On reçoit la vie d’instant en instant, conscient qu’on ne dispose que de ce temps-là.
— Je connais des tas de personnes de votre âge qui ne savent pas faire ce que vous dites, alors, ils feraient mieux de se poser les bonnes questions. Ils sont souvent prétentieux et arrogants, croient avoir tout compris de ce monde et de la vie.
J’étais assez fier de cette répartie et me réjouissais par avance de voir comment il allait se tirer de cette estocade. Deux rapaces tournoyaient au-dessus de nos têtes. L'épaisse chaleur que les rochers restituaient au soleil et à l'atmosphère rythmait leurs rares mouvements d'ailes. Ils surfaient leur danse sur des vagues d'air chaud et de lumière. Ma passion pour les oiseaux, surtout les rapaces, m'avait entraîné ailleurs, plus haut dans le ciel. Je suivais maintenant le fil d'une conversation céleste prononcée du bout des plumes. Lui, gardait le silence et son regard bondissait comme un yoyo des buses à mes yeux. En haut, il ne semblait pas y avoir de vent. Le mistral se réservait pour les marcheurs sur deux pieds et plus. Les rapaces ne voulaient pas danser plus loin, ils stationnèrent au-dessus de nos têtes comme pour assister à la scène qui nous concernait. Plus de dix minutes s'écoulèrent ainsi lorsque le son de sa voix me fit atterrir.
« Peut-être qu'eux aussi se posent des questions.... Peut-être bien sur nous deux... ». Ces suggestions étaient encore cuisinées à la sauce sourire provençale aux olives noires comme ses yeux. Puis il continua. «... Et quel genre de question un vieux comme moi devrait se poser selon le jeune homme que tu es ? ».
Je pris mon souffle comme pour sauter avant de lui répondre. Son intérêt pour mes préoccupations intellectuelles me parut sincère, la conversation avec cet homme s’annonçait légère et agréable. Cela me grisait de pouvoir nourrir ma réflexion sur tout ce qui touchait de près ou de loin aux affaires mystiques ou religieuses.
— Est-ce que quelqu'un a fait tout cela, ou est-ce que « ça » s'est fait tout seul ? Lui dis-je en traçant une ligne tout autour de moi sur trois cents soixante degrés les bras tendus comme un épouvantail.
Il pivota sur ses pieds en imitant mon geste l'air amusé et cria par deux reprises en riant. « Tout ça ??... Supposons qu'on puisse répondre par oui ou par non, qu'est-ce que ça change au fond ? Hein ? Qu’est-ce que ça change ?».
Je sortis le petit livre de ma poche en le pointant vers son visage.
— Pour moi ça change beaucoup de choses, cela rend les souffrances plus supportables !
--- Cela les rend-t-elles plus supportables de penser qu'elles sont permises par la volonté d'un Dieu ? Personnellement je les trouverais plus injustes ! Je crois que c'est satisfaire un besoin de consolation et non une affaire de simple bon sens. Tu ne cherches pas réellement une réponse en posant cette question, juste une consolation pour tes peines à vivre ou celles d'autrui ! ».
Sa remarque me plongea dans une méditation introspective, je voulais voir au fond de moi, vérifier la justesse de ces mots. Il avait en partie raison. Croire que toutes les choses difficiles qui nous arrivent plongent leurs racines dans une « intention » supérieure apporte un réconfort certain. Nous avons tous besoin de nous sentir bien-aimés. Surtout lorsque ceux qui nous sont proches ne nous offrent pas cet amour. Ou ceux qui ne sont plus là pour le faire. Une buse plongea soudain vers une proie à une vingtaine de pas de l'endroit où nous nous trouvions. Je songeais au petit animal qui venait de rencontrer son dernier instant de vie. Aucune de mes pensées ne semblait échapper à l'attention de cet homme dont j'ignorais encore le nom. Il voyait clair en mon esprit lorsqu'il dit : « Et oui ! C'est cela la vie! Les êtres vivants qui se dévorent, les gros mangent les petits qui mangent des graines. Les plantes nous nourrissent, et de plus gros encore finissent par dévorer les moyens ! L'équilibre d'un monde basé sur la violence, s'il y a un Dieu, c'est ainsi qu'il a voulu son monde n'est-ce pas ? Aurais-tu trouvé la clef de cette énigme ?».
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| | | Ronin **
| Sujet: 5 Lun 23 Jan - 15:20 | |
| — C'est drôle... Nous sommes là, sur le toit de ce département à philosopher sans même avoir échangé nos noms. Je m'appelle Hervé. Dis-je en attendant qu'il se présente à son tour.
« Et moi Manter, fit-il enlevant son chapeau accompagnant son salut d’un sourire amical. Que fais-tu dans la vie jeune ami ? ».
— Je travaille comme apprenti ébéniste et vous M’sieur ?
— Jardinier, tout simplement Jardinier! Je sème ici et là des graines et je les arrose.
Quelques plantes sauvages dépassaient de son petit sac, j'ai pensé qu'il rodait dans les parages en quête de graines nouvelles. Jardinier, son allure correspondait bien à cette activité. Un parfum de terre remuée, d’humus et de racines émanait de sa chemise, de ses chaussures et de son chapeau. Il manquait juste une pipe qui aurait pu dépasser de sa poche supérieure et une fleur à la boutonnière. — Vous faites des cueillettes dans le coin, d'après ce que je vois. — Ah oui ça m'arrive aussi, mes promenades m'apportent parfois de beaux spécimens ! Dit-il d’un ton songeur.
Nous étions assis au pied du grand rocher. Quelques années plus tard j'entrepris de le gravir, mais ce jour là ses parois me semblaient invincibles. Un ami le gravit de nuit avec une jeune fille dont j'ai oublié le nom. Une de ces nuits encore où le vent fait crisser la montagne comme les mâts d'un navire. Ils avaient réussi cette folie, mais une chose inimaginable les attendait au sommet. C'était un excellent grimpeur, mais pour concevoir une escalade en duo et sans matériel et qui plus est de nuit, avec une fille qui n'avait jamais pratiqué la varappe, il fallait être porté par une témérité irrationnelle. Je ne sais pas ce qui se passa dans sa tête ce soir là, une envie de sentir le vent pénétrer au plus profond de ses os, de son âme peut-être. Il se plaça au bord du rocher face au sud, le dos offert au mistral, comme par défi. Les bras tendus comme un crucifié. Une forte bourrasque surgit de la nuit noire, l'attrapa dans ses griffes et le jeta dans le vide, sous les yeux impuissants de sa compagne. Mais le Mistral ne le tua pas. Par chance ou par autre chose, il y avait une espèce de terrasse quelques mètres plus bas. C'est là qu'il fut déposé par le vent, un vrai miracle. Lui, avait semblé trouver cela normal. Il avait déjà fait l'amour avec la foudre et avait survécu, alors, ce n'est pas un vol de quelques mètres qui allait l'impressionner.
Le soleil du début de mai aspire le vert des végétaux, sa lumière est éblouissante. Mes yeux bridés par la goutte de sang indien qui coule dans mes veines ont toujours été sensibles à la lumière. Elle scintille sur les cristaux de roches, se reflète sur la rosée, m’obligeant à marcher en aveugle quand il n’y a pas d’autre choix, rares sont les chemins bordés d’arbres offrant la fraîcheur de leur ramure. Un sentier descendait vers un petit étang. Un oasis offert par la nature dans ce milieu si sec. Je proposai à Manter de cheminer dans cette direction pour rechercher un peu d’ombre. Il avait retiré son chapeau pour se gratter la tête, une tête argentée de cheveux coupés à la brosse. Ses mains étaient fines et laissaient deviner un corps hâlé par le soleil. Tout en marchant, je lui contais un petit bout de ma vie.
— Depuis mon plus jeune âge je m'intéresse aux animaux. J’ai fait de ma chambre un vrai petit zoo, au grand désespoir de ma mère. Son accès lui est interdit par les oiseaux qui y volent en liberté conditionnelle. La meilleure note que j'ai obtenue en classe de CM2, c'était sur un devoir qui concernait la métamorphose des têtards. Hériter de la meilleure note de la classe, je crains que cela ne soit arrivé qu’une seule fois durant ma scolarité. Je me suis occupé de nombreux oiseaux tombés du nid. Des pies, des corbeaux, des chouettes, je connais les serpents et les hérissons, les rongeurs, surtout les écureuils que je nourris au biberon. A seize ans j'ai été enrôlé au zoo de Marseille, j'y ai côtoyé des dompteurs de fauves, ma tâche était de les nourrir et d'assister le dresseur pendant les spectacles. J'ai dû cesser subitement ce travail parce que le directeur craignait que ma sympathie naïve pour ces grands animaux ne me pousse à leur servir un jour de repas. Je les caressais comme si c’étaient des chats et souvent j'oubliais leur présence pendant que je nettoyais leurs déchets organiques. Pour toutes ces raisons, je sais que vous avez dit la simple vérité, la vie est cruelle et belle en même temps.
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| | | Ronin **
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 23 Jan - 15:31 | |
| Bon j'ai un peu déconné avec les copiés/collés, mais je ne crois pas avoir sauté des passages dans la chronologie. Mes excuses. | |
| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 23 Jan - 16:47 | |
| - Ronin a écrit:
- Bon j'ai un peu déconné avec les copiés/collés, mais je ne crois pas avoir sauté des passages dans la chronologie.
Mes excuses. est-ce un roman ou une partie de ta vie? | |
| | | Brumes ******
| | | | Ronin **
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 23 Jan - 18:34 | |
| - marie-josé a écrit:
- Ronin a écrit:
- Bon j'ai un peu déconné avec les copiés/collés, mais je ne crois pas avoir sauté des passages dans la chronologie.
Mes excuses. est-ce un roman ou une partie de ta vie? Oui marie-josé, c'est autobiographique, donc c'est le récit de ma vie mais sur une courte période, celle de la rencontre et quelques évènements choisis sur une période de 5 ans. | |
| | | Ronin **
| | | | Brumes ******
| | | | Ronin **
| | | | Brumes ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 24 Jan - 14:52 | |
| Mais j'ai l'impression que tu es dans la région !!!
Ça fait du bien de ne pas être isolée, "ils" sont tous du Nord ! J'ai vraiment beaucoup de mal à me faire entendre.
Quelque part j'ai mis la carte de France vue par les Toulousains. Ils ne veulent pas me croire ! Je vais essayer de la trouver.
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| | | Ronin **
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 24 Jan - 15:27 | |
| J'habite en Aveyron chère amie. 2 Heures de Toulouse. | |
| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 24 Jan - 16:45 | |
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| | | Ronin **
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 24 Jan - 16:46 | |
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| | | Nelly Admin
| | | | Ronin **
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 24 Jan - 16:54 | |
| J'y suis né plus précisément, je l'ai quitté dans ma troisième année. | |
| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 24 Jan - 16:58 | |
| - Ronin a écrit:
- J'y suis né plus précisément, je l'ai quitté dans ma troisième année.
Brumes y a vécu de nombreuses années avec bonheur. Et toi, tu y es retrouné, depuis ? | |
| | | Ronin **
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 24 Jan - 16:59 | |
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| | | Brumes ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 24 Jan - 18:20 | |
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| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mer 25 Jan - 11:29 | |
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| | | Brumes ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mer 25 Jan - 18:36 | |
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| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Jeu 26 Jan - 17:24 | |
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| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Jeu 26 Jan - 17:30 | |
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| | | grand pierre ******
| | | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Jeu 26 Jan - 17:37 | |
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| | | Brumes ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Jeu 26 Jan - 19:34 | |
| - grand pierre a écrit:
- Ne croyez pas tout ce qui se dit sur le sud ...
On a chaud, on a le vent, les moustiques et lorsqu'il pleut, il en tombe tellement à la fois que les rivières, ces grosses fainéantes, n'arrivent pas à tout écouler et ça déborde, ça déborde .... Encore plus que quand on met un glaçon dans un pastis "noyé".
Vous êtes bien au nord, le climat est trop rude ici et je ne vous parle même pas des touristes ..... -- Oh, là, doucement.
Du vent ? Ça dépend des endroits. Des moustiques ? Même à Marseille y en n'a plus ! Ils sont tous chez toi ??? Les touristes ? Il faut être gentil avec eux... ils viennent du nord ! Sur philo, il n'y a pas d'antagonisme entre le sud et le nord... Simplement si on n'envoie pas un peu de soleil du midi on pourrait nous accuser de "non assistance à personne en danger" Rien que d'y penser j'en ai froid dans le dos. Notre devise est 'Tous pour un, un pour tous" OK j'ai piqué la devise à quelqu'un d'autre, mais nous le valons bien. Sans ces joutes amicales, on risquerait de s'étioler.
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| | | grand pierre ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Jeu 26 Jan - 20:21 | |
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| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 9:36 | |
| - grand pierre a écrit:
- Ne croyez pas tout ce qui se dit sur le sud ...
On a chaud, on a le vent, les moustiques et lorsqu'il pleut, il en tombe tellement à la fois que les rivières, ces grosses fainéantes, n'arrivent pas à tout écouler et ça déborde, ça déborde .... Encore plus que quand on met un glaçon dans un pastis "noyé". Mais nous avons également chaud, du vent, des moustiques et de la pluie faisant déborder les rivières, simplement, nous avons moins souvent du soleil et plus fréquemment de la pluie. - grand pierre a écrit:
- Vous êtes bien au nord, le climat est trop rude ici et je ne vous parle même pas des touristes .....
Nous ne nous en plaignons pas trop, sauf quand Brumes nous fait miroiter son soleil omniprésent... Quant aux touristes, tu as bien raison : quand je vais dans le sud, je choisis les périodes pour ne pas subir l'envahissement, rien que sur les routes, mais également pour se déplacer. | |
| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 9:41 | |
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| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 10:12 | |
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| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 10:24 | |
| - marie-josé a écrit:
-
- Nelly a écrit:
- Il ne manquerait plus qu'on ne soit pas gentil avec nous quand nous venons dépenser notre argent dans le sud ! N'est-ce pas une manne pour les travailleurs ?
faut être honnête tout de même, on ne descend pas dans le sud ,juste pour dépenser notre argent! Même quand on se rend dans le nord, ce n'est pas gratuit ! - marie-josé a écrit:
- nos mecs,y vont pour avoir l'occasion d'y voir des nanas plus déshabillées encore que chez nous(vu le climat )
aussi dans l'espoir d'y apercevoir quelques starlettes,...de draguer sans qu'après on puissent les poursuivre(vu la frontière) N'importe quoi ! Il n'y a rien de plus vilain que de voir des filles, des femmes ou des hommes se balader en petite tenue en ville. Dans la plupart d'entre elles, c'est interdit, d'ailleurs. Un minimum de décence est obligatoire. Et s'il faut aller à la plage pour entrevoir quelque chose... bof ! - marie-josé a écrit:
- quand à nous les filles, nous y allons dans le but de pouvoir à notre retour parader avec notre bronzage, nos nouvelles fringues à la mode,et pleins de souvenirs plus ou moins osés
Voyons, voyons, Marie-jo, quelle réputation nous fais-tu ? Le bronzage n'est pas recommandé pour la peau, alors il vaut mieux s'en passer. Pour ma part, même dans le sud, j'aime aller visiter. Les villages provençaux sont magnifiques et romantiques à souhait ! - marie-josé a écrit:
- Alors oui, dans de telles conditions, ça vaut le prix .
Pas un radis, je ne donnerais pour ton programme ! | |
| | | anémone ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 10:46 | |
| - grand pierre a écrit:
- Ne croyez pas tout ce qui se dit sur le sud ...
On a chaud, on a le vent, les moustiques et lorsqu'il pleut, il en tombe tellement à la fois que les rivières, ces grosses fainéantes, n'arrivent pas à tout écouler et ça déborde, ça déborde .... Encore plus que quand on met un glaçon dans un pastis "noyé".
Quand je suis arrivée à Marseille ( à 13 ans ) cette ville d'en haut la gare St Charles par grand mistral m'a déplu tout de suite...Papiers, cartons et autres saletés volaient à cause de ce satané vent...j'ai dù m'adapter à un parlé bizarre , avec jamais autant de fautes dans ma première dictée !! Ensuite un village de Vaucluse, avec la mentalité bien ancrée de la paysannerie , où même ayant un commerce, nous étions des étrangers...Mentalité spéciale , un pépé nous a prévenu: ici il te faut 20 ans pour être accepté et 30 pour être adopté !! fort heureusement j'ai quitté ce lieu " idyllique " pour rejoindre la région parisienne, avec sa vie de fou, le stress, l'indifférence ... Et puis un havre de paix : la Bretagne depuis 2 ans...Le vrai bonheur. | |
| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 10:54 | |
|
Dernière édition par marie-josé le Ven 27 Jan - 11:01, édité 4 fois | |
| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 10:55 | |
| - anémone a écrit:
- Quand je suis arrivée à Marseille ( à 13 ans ) cette ville d'en haut la gare St Charles par grand mistral m'a déplu tout de suite...Papiers, cartons et autres saletés volaient à cause de ce satané vent...j'ai dù m'adapter à un parlé bizarre , avec jamais autant de fautes dans ma première dictée !!
Quand on est déraciné à cet âge, avec une façon de parler totalement différente, on a forcément du mal à s'intégrer. En général, on est en manque de ses "amis" d'avant et les enfants ne se font pas de cadeaux ! - anémone a écrit:
- Ensuite un village de Vaucluse, avec la mentalité bien ancrée de la paysannerie , où même ayant un commerce, nous étions des étrangers...Mentalité spéciale , un pépé nous a prévenu: ici il te faut 20 ans pour être accepté et 30 pour être adopté !!
Je crois que c'est une mentalité assez générale. Dans nos villages lorrains, celui qui arrivait d'un village plus ou moins voisin n'était longtemps pas accepté. Aujourd'hui, les habitudes sont différentes, mais les nouveaux arrivants ne se donnent pas toujours le mal de se faire accepter, comme de participer à des fêtes sur place, histoire de se connaître les uns les autres. - anémone a écrit:
- fort heureusement j'ai quitté ce lieu " idyllique " pour rejoindre la région parisienne, avec sa vie de fou, le stress, l'indifférence ...
Forcément, la vie parisienne n'est pas idéale, sauf à petites doses ! - anémone a écrit:
- Et puis un havre de paix : la Bretagne depuis 2 ans...Le vrai bonheur.
Vous avez fait ce qu'il faut pour vous y intégrer et ce, de suite ! C'est très important ! | |
| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 11:00 | |
| - marie-josé a écrit:
-
- Nelly a écrit:
- [size=18]N'importe quoi ! Il n'y a rien de plus vilain que de voir des filles, des femmes ou des hommes se balader en petite tenue en ville. Dans la plupart d'entre elles, c'est interdit, d'ailleurs. Un minimum de décence est obligatoire. Et s'il faut aller à la plage pour entrevoir quelque chose... bof !
faut te rincer les yeux de temps en temps chère madâaaaaame,et moi, comme ARTISTE PEINTRE(en tout humilité ) je trouve la plastique humaine très belle Si c'est ton oeil d'artiste qui regarde, je peux comprendre, mais j'avoue que sinon, ça ne m'intéresse guère. En même temps, les goûts et les couleurs... - marie-josé a écrit:
- Nelly a écrit:
- Pas un radis, je ne donnerais pour ton programme !
MENTEUSE Je te promets que je préfère une belle sortie entre Z'amis à un séjour à la côte ! | |
| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 11:02 | |
| - Nelly a écrit:
-
- marie-josé a écrit:
-
- Nelly a écrit:
- [size=18]N'importe quoi ! Il n'y a rien de plus vilain que de voir des filles, des femmes ou des hommes se balader en petite tenue en ville. Dans la plupart d'entre elles, c'est interdit, d'ailleurs. Un minimum de décence est obligatoire. Et s'il faut aller à la plage pour entrevoir quelque chose... bof !
faut te rincer les yeux de temps en temps chère madâaaaaame,et moi, comme ARTISTE PEINTRE(en tout humilité ) je trouve la plastique humaine très belle Si c'est ton oeil d'artiste qui regarde, je peux comprendre, mais j'avoue que sinon, ça ne m'intéresse guère. En même temps, les goûts et les couleurs... - marie-josé a écrit:
- Nelly a écrit:
- Pas un radis, je ne donnerais pour ton programme !
MENTEUSE Je te promets que je préfère une belle sortie entre Z'amis à un séjour à la côte ! ça!... c'est différent! | |
| | | grand pierre ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 11:49 | |
| Plus sérieusement et sans "galéjades" comme ils disent par ici, la vie dans le sud n'est pas toujours idéale non plus.
Outre le vent et les moustiques évoqués plus haut, on peut rajouter la fausse amitié prépondérante ici. Lorsque nous sommes arrivés en 2000, très vite nous avons lié des connaissances et bien naïvement nous avons crus que c'était sincère et réciproque .... Que foutre ! Tant que tout va bien on est entourés "d'amis" mais dès la première grosse tuile ...... C'est comme les nuages avec le mistral, plus personne.
Les seuls qui nous sont restés ne sont pas originaires de la région ....
On peut également disserter sur le coût de la vie qui augmente de 20 à 30 % dès lors que le thermomètre franchit la barre des 20°.
Mais bon, malgré tout, je ne regrette pas d'être venu et si c'était à refaire, je referais. | |
| | | anémone ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 12:09 | |
| - grand pierre a écrit:
- Plus sérieusement et sans "galéjades" comme ils disent par ici, la vie dans le sud n'est pas toujours idéale non plus.
Outre le vent et les moustiques évoqués plus haut, on peut rajouter la fausse amitié prépondérante ici. Lorsque nous sommes arrivés en 2000, très vite nous avons lié des connaissances et bien naïvement nous avons crus que c'était sincère et réciproque .... Que foutre ! Tant que tout va bien on est entourés "d'amis" mais dès la première grosse tuile ...... C'est comme les nuages avec le mistral, plus personne.
Les seuls qui nous sont restés ne sont pas originaires de la région ....
On peut également disserter sur le coût de la vie qui augmente de 20 à 30 % dès lors que le thermomètre franchit la barre des 20°.
Mais bon, malgré tout, je ne regrette pas d'être venu et si c'était à refaire, je referais. Oui, tu résumes bien la mentalité du sud...la main tendue est très superficielle, mais le coup de poignard dans le dos assez commun..Dans ce village du Vaucluse que nous habitions était proche du Luberon et les hivers enneigés. Cette année là, mon mari est hospitalisé, et dans la nuit la neige a tout recouvert, comme je devais me rendre à Marseille , je commence à mettre mes pneus neige, quand un paysan me propose de m'aider, ravie, j'accepte et remercie. 4 ans plus tard, un petit litige nous brouille un peu avec ce monsieur...qui me jette à la figure : tu te rappelles pas petite qu'un jour je t'ai mis tes pneus neige sur ta voiture, tu as une drôle de façon de me remercier....OUI 4 ANS PLUS TARD !!! le service rendu a dû lui peser beaucoup !! | |
| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Ven 27 Jan - 14:20 | |
| ATTENTION LÁ, faut voir a pas trop généraliser!
Des mal embouchés il y en a partout
j'ai moi même été victime d'une "AMITIE" envahissante et fausse. qui après de très belles soirées arrosées à mes frais ,des petits voyages de même etc.... ce sont les premiers qui nous ont déblatéré quand nous avions tout perdu par la faillite de mon entreprise,et ne pouvions plus leur réservé ces divertissements coûteux!
et là, nous sommes dans le Nord...alors | |
| | | Brumes ******
| | | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 4 Nov - 15:02 | |
| Quelques années avant ma naissance, mon père connut un étranger récemment arrivé dans notre village. Depuis le début, mon père fut subjugué par ce personnage, si bien que nous en arrivâmes à l'inviter à demeurer chez nous.
L'étranger accepta et depuis lors il fit partie de la famille.
Moi je grandissais, je n'ai jamais demandé d'où il venait, tout me paraissait évident. Mes parents étaient enseignants : ma maman m'apprit ce qu'était le bien et ce qu'était le mal et mon père m'apprit l'obéissance. Mais l'étranger c'était un conteur, un enjôleur. Il nous maintenait pendant des heures, fascinés par ses histoires mystérieuses ou rigolotes. Il avait la réponse à tout ce qui concernait la politique, l'histoire ou les sciences. Il connaissait tout du passé, du présent, il aurait presque pu parler du futur ! Il fit même assister ma famille à une partie de football pour la première fois. Il me faisait rire et il me faisait pleurer.
L'étranger n'arrêtait jamais de parler, ça ne dérangeait pas ma Maman. Parfois elle se levait, sans prévenir, pendant que nous continuions à boire ses paroles, je pense qu'en réalité, elle était partie à la cuisine pour avoir un peu de tranquillité.(Maintenant je me demande si elle n'espérait pas avec impatience qu'il s'en aille.) Mon père avait ses convictions morales, mais l'étranger ne semblait pas en être concerné. Les blasphèmes, les mauvaises paroles, par exemple, personne chez nous, ni voisins, ni amis, s'y seraient permis. Ce n'était pas le cas de l'étranger qui se permettait tout, offusquant mon père et faisant rougir ma maman. Mon père nous avait totalement interdit l'alcool. Lui, l'étranger il nous incitait à en boire souvent. Il nous affirmait que les cigarettes étaient fraîches et inoffensives, et que pipes et cigares faisaient distingué. Il parlait librement (peut-être trop) du sexe. Ses commentaires étaient évidents, suggestifs, et souvent dévergondés. Maintenant je sais que mes relations ont été grandement influencées par cet étranger pendant mon adolescence. Nous le critiquions, il ne faisait aucun cas de la valeur de mes parents, et malgré cela, il était toujours là ! Cinquante ans sont passés depuis notre départ du foyer paternel. Et depuis lors beaucoup de choses ont changé: nous n'avons plus cette fascination. Il n'empêche que, si vous pouviez pénétrer chez mes parents, vous le retrouveriez quand même dans un coin, attendant que quelqu'un vienne écouter ses parlotes ou lui consacrer son temps libre.... Voulez-vous connaître son nom?Nous, nous l'appelons ....... Téléviseur ! ...et un fils qui s'appelle Portable !
et un neveu pire que tous ! Lui c'est le SMART PHONE _________________ Bienvenue à toi Invité et reviens nous voir souvent.
| |
| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 4 Nov - 16:28 | |
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| | | renal ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 4 Nov - 16:59 | |
| C'est une histoire vraie Nelly ? | |
| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 4 Nov - 17:59 | |
| - renal a écrit:
- C'est une histoire vraie Nelly ?
Ben... c'est un peu notre histoire à nous tous ! Après, j'imagine que son auteur s'est inspiré de sa jeunesse, mais également de l'actualité générale. _________________ Bienvenue à toi Invité et reviens nous voir souvent.
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| | | stip ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Lun 4 Nov - 22:40 | |
| - Nelly a écrit:
Nous, nous l'appelons ....... Téléviseur !
Ouh là! Celui-là, le téléviseur, avait au moins l'avantage de partager ses conversations avec tout le monde en même temps ! Une fenêtre commune ouverte sur l'extérieur toutefois relativement cadrée..... Rien à voir avec son petit frère l'ordinateur et sa jumelle internet qui isolent un par un les éléments de la famille, qui pour des jeux, qui pour des sensations fortes, chacun dans son coin non?il n'y a même plus de partage Au moins quand je regardais Thierry la Fronde , je pouvais vibrer en même temps que tous les membres de ma famille et le lendemain avec les copains on pouvait y jouer.... Bon, d'accord je me serais volontiers passée de devoir me taire tous les repas pour les infos, de voir sans cesse les guerres, les famines et tout le reste en pleine figure
Dernière édition par stip le Mar 5 Nov - 9:56, édité 1 fois | |
| | | Nelly Admin
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 5 Nov - 9:55 | |
| - stip a écrit:
- Nelly a écrit:
Nous, nous l'appelons ....... Téléviseur !
Ouh là! Celui-là avait au moins l'avantage de partager ses conversations avec tout le monde! Une fenêtre ouverte sur l'extérieur toutefois relativement cadrée..... Rien à voir avec son petit frère l'ordinateur et sa jumelle internet qui isolent un par un les éléments de la famille, qui pour des jeux, qui pour des sensations fortes, qui s'effectuent isolément, non? Au moins quand je regardais Thierry la Fronde , je pouvais vibrer en même temps que tous les membres de ma famille et le lendemain avec les copains on pouvait y jouer.... Parce que tu jouais à Thierry la Fronde ? Garçon manqué, va ! - stip a écrit:
- Bon, d'accord je me serais volontiers passée de devoir me taire tous les repas pour les infos, de voir sans cesse les guerres, les famines et tout le reste en pleine figure
J'ai toujours refusé d'allumer la télévision au moment des repas, justement pour éviter cette intrusion dans la vie familiale et ce moment privilégié d'échange qu'est le repas. _________________ Bienvenue à toi Invité et reviens nous voir souvent.
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| | | stip ******
| Sujet: Re: Rencontre d'une vie. Mar 5 Nov - 10:09 | |
| - Nelly a écrit:
- parce que tu jouais à Thierry la Fronde ? Garçon manqué, va !
ha mais non! Je voulais être son Isabelle bien-sûr. Et quand on jouait aux cow-boys et aux indiens, j'avais toujours mon personnage. Je ne voulais ni être un cow-boy, ni mourir même pour revivre après comme le faisaient les autres. J'étais donc une indienne solitaire, pas une squaw mais une guerrière, Une amazone qui guettait les méchants et prėvenait ma tribu, en plus les indiens faisaient you youyou......trop chouette. . Sur mon cheval blanc (quand j'ai eu mon mini-vélo je tenais à cette couleur ). Ça c'était la vie de quartier dans les années 60. Moi aussi, j'ai toujours refusé de faire manger ma famille devant la tėlé. | |
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