QU'EST CE QUE LA TOLÉRANCE?

Kitara a écrit:

Il faut bien faire la différence entre la tolérance et la permissivité.

La tolérance c'est que chacun fesse comme il veut dans sa vie, à condition que cela n'ait pas de conséquence sur la vie des autres. Pour moi, les limites de la tolérance, c'est la vie  en société.

Et c'est vrai, ne pas juger les autres est important, mais l'inverse aussi !

Est-il réaliste de penser que nous ne devons pas juger les autres ? Il ne faut certes pas les accabler car nous ne connaissons généralement pas leurs problèmes personnels, mais il est des cas où le jugement se fait automatiquement :

- Si vous voyez quelqu'un torturer un animal ou un autre être plus fragile que lui, ne portez-vous aucun jugement ?
- Quand vous voyez des jeunes affalés sur un siège alors qu'il ne reste plus de place assise libre dans un transport en commun et qu'arrive une personne handicapée, ne vous dites-vous pas que ce jeune n'a rien dans le crâne ?
- Quand on entend parler d'inceste autour de nous, n'avons-nous pas tendance à porter un jugement ? Pourtant, que savons-nous de la réalité et de l'authenticité des faits ? Il y a eu des suicides de personnes chez lesquelles l'inceste s'est avéré faux.

Nelly a écrit:

" il est des cas où le jugement se fait automatiquement "

Les anglosaxons disent : " Don't judge the book at the cover ! " " Ne jugez pas le livre à sa couverture.


Cette midinette attablée au restaurant souriant à un vieux monsieur peut être sa petite fille

Cette femme qui vit de l'aide sociale et refuse un travail à 2 h de chez elle est peut être seule avec 3 enfants dont un handicapé

Cette femme qui erre à midi dans la rue en tenant des propos incohérent, sans savoir qui elle est, n'est pas forcément une alcoolique, elle est peut être atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Morgan Kane a écrit:

Nelly a écrit:

" il est des cas où le jugement se fait automatiquement "

Les anglosaxons disent : " Don't judge the book at the cover ! " " Ne jugez pas le livre à sa couverture.


Cette midinette attablée au restaurant souriant à un vieux monsieur peut être sa petite fille

Cette femme qui vit de l'aide sociale et refuse un travail à 2 h de chez elle est peut être seule avec  3 enfants dont un handicapé

Cette femme qui erre à midi dans la rue en tenant des propos incohérent, sans savoir qui elle est, n'est pas forcément une alcoolique, elle est peut être atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Nous sommes bien d'accord qu'il ne faut pas juger sans savoir et même là, nous ne connaissons pas tout. Il nous faut parfois se méfier de soi-même. En même temps, il faut également éviter d'être dupe de certaines situations pour ne pas se faire avoir.

Moi je fais une différence entre le fait d'avoir un avis et le fait de "juger". Effectivement, pour toutes les situations qu'on voit autour de soi, on a un avis, et c'est même impossible de faire autrement (et pourquoi est-ce qu'on le ferait). Le fait de juger veut dire, pour moi, d'avoir un avis tranché sans en savoir suffisamment, ne pas laisser de place au doute, et inclure une forme de condamnation dans son avis et dans sa façon de l'exprimer.

Dans les cas que tu cites, Nelly, on a peut-être toutes les billes pour avoir un avis suffisamment clair qui ne laisse pas de part au doute, et il n'est pas du tout interdit d'agir en fonction.

Dans les cas que cites Morgan, là on n'a pas assez d'infos pour se faire un avis éclairé, et si on agit en fonction de cet avis, il se peut que ce soit un jugement hâtif dont on devrait se dispenser...

Voilà la différence pour moi...

Le paradoxe de la tolérance : une tolérance illimitée doit conduire à la disparition de la tolérance. Si nous accordons une tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas prêts à défendre une société tolérante contre les assauts des intolérants, alors les tolérants seront détruits, et la tolérance avec eux.

Le paradoxe de la tolérance disparaît si l’on considère la tolérance non pas comme une norme morale, mais comme un contrat social.

Si quelqu’un ne respecte pas le contrat, il n’est pas couvert par celui-ci.

En d’autres termes : les intolérants ne respectent pas les termes du contrat social de tolérance mutuelle. Puisqu’ils ont violé les termes du contrat, ils ne sont plus couverts par le contrat et leur intolérance ne doit PAS être tolérée.

La tolérance illimitée cela devient du laxisme

Très juste. La tolérance est un concept qui peut être abstrait si on ne s'en tiens qu'à la philosophie, mais qui devient concret si on le transfère sur un plan social.

Le concept c'est une chose, mais ce concept n'a pas d'intérêt si on ne le confronte pas à la société des humains.

Donc en fait la tolérance, qu'on pourrait croire comme illimitée sur une base purement philosophique, a une limite : l'intolérable.

Et cet intolérable se défini au regard des rapports humains.

J'aime bien cette idée de contrat , c'est très clarifiant !

Morgan Kane a écrit:

Le paradoxe de la tolérance : une tolérance illimitée doit conduire à la disparition de la tolérance.

Effectivement, ce n'est pas envisageable. Quel que soit notre degré de tolérance, des limites doivent exister. Comment pourrait-on accepter l'agressivité sans réagir, par exemple ?

Morgan Kane a écrit:

Si nous accordons une tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas prêts à défendre une société tolérante contre les assauts des intolérants, alors les tolérants seront détruits, et la tolérance avec eux.

Le paradoxe de la tolérance disparaît si l’on considère la tolérance non pas comme une norme morale, mais comme un contrat social.

Si quelqu’un ne respecte pas le contrat, il n’est pas couvert par celui-ci.

Comment le verrais-tu ? Cela me paraît bien compliqué.

Morgan Kane a écrit:

En d’autres termes : les intolérants ne respectent pas les termes du contrat social de tolérance mutuelle. Puisqu’ils ont violé les termes du contrat, ils ne sont plus couverts par le contrat et leur intolérance ne doit PAS être tolérée.

Réaction dans ce cas ?

Nelly a écrit:

Morgan Kane a écrit:

En d’autres termes : les intolérants ne respectent pas les termes du contrat social de tolérance mutuelle. Puisqu’ils ont violé les termes du contrat, ils ne sont plus couverts par le contrat et leur intolérance ne doit PAS être tolérée.

Réaction dans ce cas ?

Une punition et au lit !

Kitara a écrit:

Nelly a écrit:

Morgan Kane a écrit:

En d’autres termes : les intolérants ne respectent pas les termes du contrat social de tolérance mutuelle. Puisqu’ils ont violé les termes du contrat, ils ne sont plus couverts par le contrat et leur intolérance ne doit PAS être tolérée.

Réaction dans ce cas ?

Une punition et au lit !

Si ça pouvait être aussi simple !

Pour moi la tolérance c'est le fait de pouvoir accepter des choses d'autrui que l'on accepterait pas spontanément de par nos convictions (qu'elles viennent de notre éducation, de notre formation, de notre sphère sociale, de notre religion,...)

C'est une vertu que je qualifierai d'essentielle, car elle touche à la liberté d'autrui.

Mais c'est très complexe parce que cela peut aller au delà des lois.
- On peut ainsi tolérer l'usage par certaines personnes du cannabis. Même si c'est illégal
- Au contraire on peut être indigné d'une pratique qui n'est pas illégale : Par exemple l'usage de la fessée ou de la gifle était encore il y a peu autorisé par la loi. Et nombre de personnes trouvaient cela choquant

La tolérance/l'intolérance, chacun réagira donc avec son système de valeurs, en fonction des situations.  

Je trouve que l'on peut s'indigner d'une situation, en argumentant.

Mais on ne peut pas devenir intolérant contre quelqu'un juste parce qu'il ou elle vit ou agit différemment de nous.

Je réagit comme cela parce qu'en regardant à la TV tous les jours aujourd'hui on la voit cette intolérance. Et ca me touche énormément quand je vois qu'elle prend de plsu en plus d'ampleur. L'intolérance aujourd'hui c'est la monté du racisme, de la xénophobie, de l'homophobie, de la grossophobie,...

Comme l'a si bien écrit Anna Gavalda : "Ce qui empêche les gens de vivre ensemble c'est leur connerie, pas leurs différences"

j'ai toujours "cru" dans cette phrase de Gide :
"Comprendre c'est se sentir capable de faire"

La tolérance pour moi c'est un peu "accepter ce que je ne peux pas nécessairement comprendre"

Elina23 a écrit:

j'ai toujours "cru" dans cette phrase de Gide :
"Comprendre c'est se sentir capable de faire"

La tolérance pour moi c'est un peu "accepter ce que je ne peux pas nécessairement comprendre"

Je dirais plutôt supporter ou accepter de subir …

Morgan Kane a écrit:

Elina23 a écrit:

j'ai toujours "cru" dans cette phrase de Gide :
"Comprendre c'est se sentir capable de faire"

La tolérance pour moi c'est un peu "accepter ce que je ne peux pas nécessairement comprendre"

Je dirais plutôt supporter ou accepter de subir …

oui mais on a pas nécessairement à "subir"......je dirais plutot "admettre"

Je suis d'accord avec vos définition. Effectivement, la tolérance concerne ce qu'on n'accepte pas spontanément. Donc ça dépend déjà beaucoup de notre éventail de valeur. S'il est large, on va nous considérer comme tolérant alors que ça nous est tout simplement naturel.

La vrai tolérance, c'est le fait de ne pas sur-réagir lorsque quelque chose, comportement, idée, etc... nous heurte, plus ou moins, c'est à dire que ça sort de notre champs de valeur. Là, pour accepter que l'autre soit dans sa spécificité, ça nous demande un effort.

Dans ce cas, la tolérance, c'est d'accepter que l'autre fasse autrement, mais je crois que ce n'est pas être intolérant que de discuter et de confronter son point de vue. A condition que cette discussion ne se transforme pas en pression, bien entendu.

Parce que sinon, la tolérance se confond avec l'indifférence, et ce n'est pas la même chose.

Par contre, si en plus de discuter, on essaie d'empêcher l'autre de faire autrement, là c'est de l'intolérance.


Donc la tolérance, c'est accepter en effet. par contre, à mon sens, ce n'est ni supporter ni subir. Quand on parle de tolérance, il est question de comportement ou d'idées qui ne nous nuisent pas ou n'impactent pas notre vie. A partir du moment où on a une conséquence négative sur notre vie, pour moi il n'est plus question de tolérance ou pas.

Par exemple, cas 1 : votre voisin fume du chichon toute la journée : c'est sa vie, et même si on n'est pas d'accord avec cette attitude, on peut tolérer que c'est son choix.
Cas 2 : ce voisin qui fume du chichon manque de vous écraser en voiture tous les matins quand vous partez au boulot parce qu'il est stone, là ce n'est plus du tout une question de tolérance : on n'a pas à accpeter, ni supporter ni subir cette situation.

Pour moi, tolérer ce n'est pas accepter vraiment. Dans l'idée de tolérance, il y a l'idée qu'on considère que l'autre, ses idées, son comportement sont anormaux. Mais on se doit pour toute une série de raisons, de le laisser faire, s'exprimer, agir.

Si j'accepte l'autre tel qu'il est dans sa personne, ses idées, son comportement, je suis dans l'acceptation, au delà de la tolérance.

En fait, pour moi le terme tolérance a un coté dérogatoire. Ce qui est toléré est admis, pas plus.