philo Z'amis
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| Les Philo-Fables de Michel Piquemal | |
| | Auteur | Message |
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renal ******
| Sujet: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Mar 26 Oct - 7:07 | |
| Les Philo-fables de Michel Piquemal
Résumé : La philo, une discipline trop complexe, trop abstraite, trop ardue ? Montaigne disait au contraire qu' « il n'est rien de plus gai, de plus gaillard, de plus enjoué... ». Afin de le prouver, Michel Piquemal a réuni plus de 60 fables philosophiques, contes, mythes et paraboles du monde entier, qui ouvrent les portes d'une réflexion philosophique tonique et joyeuse. Chacune de ces philo-fables se révèle un vrai trésor de sagesse, d'humour ou d'émotion. Un petit atelier du philosophe vient prolonger la réflexion à partir de commentaires et de questions parfois malicieuses. Un ouvrage ludique, destiné à tous les âges de la vie, pour le plaisir de penser plus grand et plus loin ! (Michel Piquemal)
Les porcs-épics
Par une froide journée d'hiver, des porcs-épics se serraient les uns contre les autres afin de se tenir chaud. Mais très vite, à force de se serrer, ils ressentirent la brûlure de leurs piquants et durent s'écarter. Quand ils eurent trop froid, leur instinct les poussa à se rapprocher encore... Mais de nouveau, ils ressentirent la brûlure de leurs piquants. Ils renouvelèrent ce manège plusieurs fois jusqu'à ce qu'ils trouvent enfin leur juste distance. (Fable racontée par le philosophe allemand Schopenhauer (1788-1860)
« L’homme est un animal social. Il a besoin des autres. Mais cette nécessaire proximité a son revers. Elle peut devenir pesante. Même en famille, même dans un couple … A nous de trouver la juste distance. A nous d’accepter que l’autre ait aussi ses propres amis et ses jardins secrets. » (Michel Piquemal)
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| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Mar 26 Oct - 7:26 | |
| Le Mille-pattes
Un mille-pattes vivait tranquille, insouciant et heureux, lorsqu'un jour, un crapaud, qui habitait dans les parages, lui posa une question bien embarrassante - Lorsque tu marches, lui demanda-t-il, dans quel ordre bouges-tu tes pattes ? Le mille-pattes fut si troublé par la question du crapaud qu'il rentra aussitôt dans son trou pour y réfléchir. Mais il avait beau se creuser la cervelle, il ne parvenait pas à trouver de réponse. À force de questionnements, il finit par ne plus être capable de mettre ses pattes en mouvement. Il resta bloqué dans son trou, où il mourut de faim. (Histoire de la Chine ancienne)
« Dans certaines situations, il est nécessaire de s'interroger, mais dans d'autres, il est bon d'agir de manière naturelle, instinctive. Ce que nous enseigne ce conte, c'est que trop s'interroger sur nous-mêmes risque de nous étouffer et de nous empêcher définitivement d'agir. Mais n'avons-nous pas tous cette tendance à nous regarder de l'intérieur qu'on appelle l'introspection ? » » (Michel Piquemal) | |
| | | anémone ******
| | | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Mar 26 Oct - 10:37 | |
| Le coq ou la poule
Un jour, deux étudiants se disputaient à propos d'un volatile qu'ils avaient acheté au marché. L'un disait que c'était une poule et l'autre prétendait que c'était un coq. Comme ils étaient aussi têtus l'un que l'autre, la discussion n'en finissait pas. Finalement, l'un des deux proposa : - Mettons cette volaille dans le poulailler. Nous la mangerons dimanche. D'ici là, nous verrons bien si c'est un coq ou une poule. La nuit passe et, au petit matin, on entend en provenance du poulailler un magnifique cocorico. - Tu as entendu, dit le premier étudiant. - Oui, répond le second, c'est incroyable ! Si je ne l'avais pas entendu de mes propres oreilles, jamais je n'aurais cru qu'une poule puisse pousser des cocoricos ! (D'après un conte juif)
Vous avez sans doute déjà rencontré des gens comme cet étudiant. Ils sont si têtus, si butés que rien ne peut leur faire entendre raison. Qu'est-ce donc qui peut les aveugler à ce point? Leur orgueil ? Leur ego ? Leur bêtise ? D'où vient cette impossibilité à admettre qu'ils sont dans l'erreur ? Michel Piquemal) | |
| | | Brumes ******
| | | | dombom *****
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Mar 26 Oct - 15:03 | |
| renal, je me suis permis d'emprunter ton coq et ta poule pour Evene. | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Mar 26 Oct - 15:09 | |
| dom a écrit : - Citation :
- renal, je me suis permis d'emprunter ton coq et ta poule pour Evene.
Pas de problème !!! tout ce que je mets c'est pour faire circuler, et puis je suis d'accord qu'il ailles sur Even | |
| | | marie-josé ******
| | | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Mer 27 Oct - 7:15 | |
| Les trois tamis
Un jour, un homme vint trouver le philosophe Socrate et lui dit : - Ecoute, Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s'est conduit. - Je t'arrête tout de suite, répondit Socrate As-tu songé à passer ce que tu as à me dire au travers des trois tamis ? Et comme l'homme le regardait d'un air perplexe, il ajouta : - Oui, avant de parler, il faut toujours passer ce qu'on a à dire au travers des trois tamis. Voyons un peu ! Le premier tamis est celui de la vérité. As-tu vérifié que ce que tu as à me dire est parfaitement exact ? - Non, je l'ai entendu raconter et...- Bien ! Mais je suppose que tu l'as au moins fait passer au travers du second tamis, qui est celui de la bonté. Ce que tu désires me raconter, est-ce au moins quelque chose de bon ? L'homme hésita, puis répondit : - Non, ce n'est malheureusement pas quelque chose de bon, au contraire... - Hum ! dit le philosophe. Voyons tout de même le troisième tamis. Est-il utile de me raconter ce que tu as envie de me dire ? - Utile ? Pas exactement... - Alors, n'en parlons plus ! dit Socrate. Si ce que tu as à me dire n'est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère l'ignorer. Et je te conseille même de l'oublier... (Apologue attribué au philosophe grec Socrate (V-IVe siècle avant notre ère)
« Convenons-en ! Raconter ce qu'on a entendu dire nous brûle souvent la langue. C'est le plaisir de la conversation et des petits ragots. Une manière parfois même de se rendre intéressant aux yeux des autres, mais qui oublie que cela peut porter gravement préjudice au « sujet » de la conversation. N'oublions donc pas les trois tamis ! Il y aura alors beaucoup plus de silence autour de la machine à café ! » (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Jeu 28 Oct - 6:12 | |
| L’œil de l’hippopotame
Un hippopotame traversait un marigot lorsque, soudain, l'un de ses yeux se détacha et tomba au fond de l'eau. L'hippopotame se mit alors à chercher de tous côtés. Il tournait et retournait sur lui-même, fouillait à gauche, à droite, devant et derrière lui. Mais il ne trouvait pas trace de son œil. En le voyant faire, les oiseaux du fleuve ne cessaient de lui crier : - Calme-toi ! Mais calme-toi donc ! Mais l'hippopotame affolé ne les entendait pas. Il lui fallait absolument retrouver son œil perdu. Alors les poissons et les grenouilles joignirent leurs voix à celles des oiseaux : - Calme-toi, hippopotame ! Mais calme-toi donc ! Finalement, l'hippopotame finit par les entendre. Il s'immobilisa et les regarda. Aussitôt, la vase et la boue qu'il soulevait en pataugeant se posèrent au fond du marigot. Et entre ses pattes, dans l'eau redevenue claire, l'hippopotame aperçut son œil. Il le ramassa et le remit à sa place.
(Conte africain) « Tant que l'on est sous l'emprise de la peur, de l'angoisse ou de l'inquiétude, nos sens sont brouillés, on ne peut rien faire de bon. Qui n'en a pas déjà fait l'expérience ! Comment surmonter ces moments de panique et d'affolement ? » (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Jeu 28 Oct - 10:54 | |
| Les maçons
Un jour, un voyageur traversa un lotissement où de nombreuses maisons étaient en construction. C'était l'après-midi. Il faisait une chaleur accablante. Et le voyageur crut bon de dire un petit mot à chacun. - Bonjour, dit-il au premier, que faites-vous donc là ? - Moi ? répondit l'homme d'un ton rogue. Vous ne voyez pas que j'entasse des briques? Par une chaleur pareille, ce n'est vraiment pas humain. Je fais un boulot de galérien. Et, à chacun des hommes qu'il croisa, le voyageur posa la même question. - Moi, répondit un second avec flegme, je suis maçon. Je fais un métier dur et pénible, mais on gagne sa vie comme on peut. - Moi, répondit un troisième avec un sourire, je suis en train de construire ma maison. Je vais enfin avoir quelque chose qui sera à moi. - Moi, répondit le dernier, qui semblait comme illuminé de l'intérieur, je construis la maison de la femme que j'aime. J'y mets tout mon cœur et ce sera la plus belle maison du lotissement. Le voyageur passa son chemin, mais plusieurs heures plus tard, il avait encore en tête le sourire radieux de l'homme amoureux.
(Fable de l'auteur)
« Rien n'est agréable ni pénible en soi. Une marche dans la campagne sous un soleil d'été peut être vécue comme un vrai bonheur ou un pur calvaire. Tout dépend de l'état d'esprit dans lequel on l'accomplit. Mais, si l'on en croit ce texte, c'est bien évidemment l'amour qui magnifie le mieux le monde ! » (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Jeu 28 Oct - 20:31 | |
| Narcisse
On raconte que Narcisse était d'une si grande beauté que toutes les filles rêvaient de lui. Mais Narcisse avait été élevé par sa mère comme un enfant gâté. Il ne regardait aucune jeune femme et brisait tous les cœurs autour de lui. Aussi, l’une de celles qu'il avait fait terriblement souffrir demanda à Némésis, la déesse de la juste colère, de venger son honneur outragé. - Que celui qui n'aime personne s'éprenne de lui-même ! Et la déesse l'exauça ! Un matin qu'il marchait à travers bois, Narcisse parvint dans une clairière où il décida de se reposer. Près d'un saule, il découvrit une source. Il s'étendit pour boire et aperçut un visage si beau qu'il en tomba amoureux. Son cœur battait très fort dans sa poitrine, et il songea qu'il avait eu raison d'attendre puisqu'il avait enfin trouvé un amour digne de lui. Aveuglé par la passion, il ne comprit pas qu'il s'agissait de son propre reflet. Il lui parla, mais l'image ne répondit pas. Il approcha ses lèvres afin de l'embrasser, mais l'eau se troubla et le beau visage disparut. Il réapparut, mais chaque fois que Narcisse approchait, l'image disparaissait à nouveau. Le jeune homme devint comme fou. Se jugeant rejeté, il plongea son poignard dans sa poitrine en murmurant : « Adieu, mon amour ! » Alors les dieux eurent pitié de voir disparaître à jamais le beau Narcisse. À l'endroit où son sang avait coulé, une fleur se mit à pousser, une fleur à laquelle on donna le nom de narcisse.
(D'après Ovide (1er siècle avant notre ère), Les Métamorphoses)
« L'amour de soi est indispensable, et l'on ne peut pas aimer les autres si l'on ne s'aime pas soi-même. Pourtant, un amour de soi excessif ne risque-t-il pas de nous aveugler et de nous conduire à mépriser les autres? Tourner autour de son propre nombril peut-il rendre fou, comme dans ce récit mythologique ? D'autre part, n'y a-t-il pas plus de bonheur à aimer qu'à être aimé? » (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Sam 30 Oct - 14:29 | |
| La force du bœuf
Un homme avait un bœuf noir d'une force extraordinaire. Son voisin, qui en avait aussi un d'une grande force, aimait les paris. Un jour, au cours d'une foire, devant tous les badauds assemblés, il fit tirer à son bœuf un chariot porteur d'une énorme charge. Puis il s'écria : - S'il existe un autre bœuf capable de tirer ce char, je donnerai cent pièces d'or à son propriétaire ! Mais, s'il n'y parvient pas, j'empocherai les cent pièces d'or. Le propriétaire du bœuf noir releva aussitôt le défi. Il attela sa bête puis lui cria : - Allez, force! Tire, feignant! Qu'attends-tu, sale bête, tire donc ! Mais le bœuf noir eut beau forcer et suer, il ne parvint pas à tirer la charge et l'homme perdit ses cent pièces d'or. Quelque temps plus tard, le voisin, enhardi, réitéra son pari. - Cette fois, dit-il, j'offre mille pièces d'or. Le bœuf noir dit alors à son maître :- Relève le défi et je te gagnerai cette somme ! - Comment oses-tu, répliqua son maître, toi qui m'as déjà fait perdre une fois ? Mais le bœuf noir lui répondit : - Devant une foule nombreuse, tu m'as insulté et humilié, me faisant perdre toute confiance. Encourage-moi et tu verras ce dont je suis capable. Alors le maître brossa son bœuf et orna ses cornes d'une couronne de fleurs. Et, lorsqu'il l'attela, il lui prodigua mille encouragements : - Porte-moi chance, mon beau ! Je sais que tu en as la force ! Tire, mon ami, tire ce char comme un fétu de paille ! Et, à l'étonnement de tous, le bœuf noir emporta l'énorme charge jusqu'au sommet de la colline. (D'après une fable bouddhiste)
« Lorsqu’on est humilié, on perd tous ses moyens. Lorsqu’on est encouragé, on arrive à se surpasser. Qui n’en a déjà fait l’expérience ? Bien des siècles avant les recherches en psychologie comportementale, ce conte souligne l’importance du mental sur nos facultés physiques ! (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Dim 31 Oct - 15:04 | |
| Le double pour tes voisins
Zeus, le dieu qui régnait sur tous les dieux grecs, se promenait sur la terre pour voir comment les hommes s'y comportaient. Il arriva dans un petit village où semblaient régner la discorde et la haine. Dans un champ, il aperçut un laboureur qui trimait dur, poussant péniblement le soc d'un misérable araire. Voulant enseigner dans ces lieux un peu de générosité, il s'adressa à lui en ses termes : - Je suis le grand Zeus, toutes les choses sont en mon pouvoir. Demande-moi ce que tu veux et je te l'obtiendrai. Mais sache une chose : pour ce que tu demanderas, j'en donnerai le double à tes voisins. Si tu me demandes cent pièces d'or, je leur en offrirai deux cents... Le laboureur se pinça les lèvres et réfléchit, puis, avec un méchant sourire, il demanda : - Crève-moi un œil !
(D'après un conte populaire) « Ce conte, qui pointe la face la plus noire de la jalousie est extrêmement célèbre et populaire. Il semble nous dire que ce que l’on possède n'a finalement de valeur qu'en regard de ce que les autres possèdent. La vie serait donc une éternelle compétition. Cela expliquerait la puissance de la jalousie qui domine souvent les rapports humains, au point parfois de faire commettre des crimes. Croyez-vous cependant qu'il puisse exister des gens si jaloux et si méchants qu'ils accepteraient d'avoir un œil crevé si on leur promettait de rendre aveugle leur voisin ? » (Michel Piquemal) | |
| | | marie-josé ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Dim 31 Oct - 17:28 | |
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| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Lun 1 Nov - 12:17 | |
| L’homme qui poursuivait son ombre
Un homme un peu simple d'esprit cherchait à attraper son ombre. Mais, lorsqu'il avançait d'un pas, elle avançait aussi. S'il courait, elle courait. Et, lorsqu'il se retournait, il la voyait qui le poursuivait. Cette scène cocasse se déroulait sur la Grand-Place d'un village. Et toutes les personnes assemblées riaient de le voir faire. Mais un homme sage qui passait leur donna la leçon suivante : - Si vous riez de ce simple d'esprit, riez aussi de vous-mêmes, car vous êtes pareils à lui. Sans cesse vous poursuivez des ombres qui s'enfuient : honneurs, richesses, beauté, pouvoirs... Jamais vous n'avez le cœur en paix ! Les rires cessèrent et l'homme sage passa son chemin.
(D'après la fable de l'écrivain russe Ivan Andreievitch Krylov (1769-1844), «L'ombre et l'homme » Fables (V, 12)
« C'est sans doute vrai ! Les hommes passent leur vie à chercher ce qui toujours peut leur échapper d'un moment à l'autre : le bonheur, la richesse, le savoir, le pouvoir, l'amour... Mais doit-on pour autant rester sans rien faire à attendre la mort, ou méditer éternellement hors du monde? Si la vie peut parfois sembler absurde, la grandeur de l'homme n'est-elle justement pas de chercher à lui donner du sens ? Comme nous a suggéré Albert Camus... » (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Sam 6 Nov - 18:07 | |
| La vache sur son île
II était une fois une vache qui vivait sur une île couverte d'une belle herbe grasse et verdoyante. Toute la journée, jusqu'au crépuscule, elle y paissait et engraissait. Mais lorsqu’arrivait la nuit noire, elle ne voyait plus les prés couverts d'herbe verte, et elle commençait à s'inquiéter. Que mangerait-elle demain ? Elle allait sans nul doute mourir de faim. Et cette inquiétude la faisait maigrir à vue d'œil. À l'aube, lorsque le jour se levait, elle se remettait à manger de plus belle et à engraisser. Mais lorsque la nuit revenait, la même angoisse la reprenait, la rendant toute maigre et efflanquée.
(D'après un conte du poète mystique persan Rûmî (1207-1273) « Ne sommes-nous pas tous comme cette vache ? L’inquiétude du lendemain nous ronge et nous attriste. Vivons donc plutôt au présent et profitons des bienfaits de la vie. Mais l’angoisse ne fait-elle pas aussi intégrante de la condition humaine ? N’est-elle pas comme le stress qu’elle engendre, un moteur de vie ? Comment trouver un équilibre entre une insouciance folle et une angoisse qui empêche de vivre ? » (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Sam 6 Nov - 18:09 | |
| Les étudiants et le lion
Quatre étudiants étaient partis sur les routes à la recherche de la fortune. Les trois premiers avaient tant appris qu'ils étaient devenus des savants diplômés, mais il leur manquait un peu de bon sens et d'intelligence pratique. Le quatrième au contraire était très réfléchi et débrouillard, mais peu versé dans les études. En chemin, ils se disputaient sur les valeurs respectives de l'érudition et de l'intelligence. Arrivés dans une forêt, ils aperçurent les ossements d'un lion mort. Les trois savants voulurent alors démontrer au quatrième l'étendue de leur savoir. - Nous allons lui rendre la vie, affirmèrent-ils. - Moi, dit le premier, grâce à ma science, j'assemblerai ses os. - Moi, dit le deuxième, je lui redonnerai sa chair et son sang. - Moi, dit le troisième, je lui rendrai le souffle de la vie. Et ils se mirent aussitôt au travail. Le premier assembla les os. Le second rhabilla de chair. Mais, au moment où le troisième s'apprêtait à lui redonner la vie, le quatrième essaya de l'en empêcher : - Ne vois-tu pas que c'est un lion ! Si tu lui redonnes la vie, il va tous nous dévorer ! Mais les trois autres réagirent avec arrogance et l'envoyèrent promener : - Tais-toi ! Tu n'es qu'un ignorant. Rien ne doit entraver la marche de la science Comprenant que rien ne pourrait les arrêter, le quatrième fila sans tarder se mettre à l'abri au sommet d'un arbre. Quand le lion retrouva la vie, il retrouva aussi la faim. Il se jeta sur les trois érudits et les dévora. Puis il s'éloigna vers sa tanière et le plus futé des quatre put descendre sain et sauf de l'arbre.
(‘D'après le Pancatantra, recueil de textes sanskrits du Vie siècle de notre ère) « Cette fable, parmi les plus anciennes que nous connaissons, montre avec humour que le savoir et l'érudition ne sont rien sans un peu de bon sens... et peuvent même se révéler dangereux. Le savoir serait-il l'ennemi du bon sens, serait-il source parfois d'aveuglement ? Nous qui vivons le temps des experts et des spécialistes (en politique, en science, en économie...) en avons parfois hélas le sentiment. » (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Lun 8 Nov - 10:49 | |
| L’esprit des eaux
Un jour, des voyageurs qui s'étaient approchés des bords d'un torrent pour y remplir leurs gourdes aperçurent tout au fond un collier de perles. Sans doute une belle nageuse l'y avait laissé choir. Malgré le froid de l’onde, le plus courageux plongea, tendit la main, mais il ne ramena qu'une poignée de cailloux. En effet, au moment où il semblait le tenir, le collier s'était désagrégé entre ses doigts. Ses amis, qui étaient sur la berge, confirmèrent le sortilège. Ils avaient vu eux aussi le collier se disloquer et disparaître. Les voyageurs restèrent ainsi un moment silencieux sur les bords, scrutant les profondeurs. Mais, lorsque les eaux retrouvèrent leur pureté, le bracelet réapparut. Un deuxième voyageur tenta lui aussi sa chance. Il retint sa respiration, plongea... Il ne ramena, hélas, que quelques feuilles mortes. - Je le tenais ! s'écria-t-il. Et puis soudain, tout a disparu. - Nous sommes en présence d'un esprit des eaux, murmura le plus âgé. Je ne vois guère d'autre explication. - Filons d'ici au plus vite, ajouta l'un des nageurs intrépides. Je n'aime guère ces parages. Et ils détalèrent, allant raconter au village voisin que leur rivière était hantée par de mauvais génies. Pourtant, quelques jours plus tard, un voyageur qui passait dans ces mêmes lieux eut plus de chance ou de malice. Lorsqu'il aperçut le collier qui miroitait au fond des eaux, il eut la présence d'esprit de regarder au-dessus de sa tête. Et il n'eut même pas à plonger dans les eaux glacées pour récupérer le collier, qui était tout simplement accroché sur une branche en surplomb. (D'après un conte indien)
« Méfions-nous de nos sens, semble nous dire ce conte : ils nous trompent bien souvent. Soyons vigilants ! Ce que nous prenons pour des réalités ne sont parfois que des illusions et des mensonges. Mais l'être humain est ainsi fait qu'il n'a que ses sens et sa perception pour juger et comprendre. Que lui reste-t-il pour faire face aux pièges de la perception? L'intelligence? L'expérience? La raison ? Le questionnement à plusieurs ? La mise en doute systématique de toute réalité ?... » (Michel Piquemal) | |
| | | renal ******
| Sujet: Re: Les Philo-Fables de Michel Piquemal Mer 10 Nov - 8:02 | |
| La musique
C'était un magicien de la harpe. Dans les plaines de Colombie, il n'y avait pas de fête sans lui. Pour que la fête soit une fête, Mesé Figueredo devait être là, avec ses doigts dansants qui égayaient les airs et affolaient les jambes. Une nuit, sur un sentier perdu, des voleurs l'ont attaqué. Mesé Figueredo revenait d'un mariage, à dos de mule, lui sur une mule, la harpe sur une autre, quand des voleurs se sont jetés sur lui et l'ont roué de coups. Le jour suivant, quelqu'un l'a trouvé. Il était allongé sur le chemin, torchon sale de boue et de sang, plus mort que vif. Avec ce qu'il lui restait de voix, il a dit : - Ils ont emporté les mules. Et il a ajouté : - Ils ont emporté la harpe. Et il a repris son souffle et a ri : - Mais ils n'ont pas emporté la musique.
(Eduardo Galeano, Sens dessus dessous, traduction de Lydia Ben Ytzhak, Éditions Homnisphères, 2004)
« II existe des gens dont rien ne peut entamer l'optimisme et la joie de vivre. Sans doute parce qu'ils ont une passion en eux qui vaut plus que tout et qu'on ne peut pas leur enlever. Pour Mesé Figueredo, c'est la musique. Pour d'autres, c'est la peinture, la lecture, l'amour, les joies du sport, la liberté ou le simple bonheur d'être présent sur terre... Quelle est votre flamme secrète que nul ne pourra jamais vous prendre, et qui vous rendra toujours heureux ? » (Michel Piquemal) | |
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