philo Z'amis
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 17 Nov - 17:58

marie-josé a écrit:
renal a écrit:
Très beau Rose, tu mets un peu de chaleur dans cet automne un peu gris. Merci. Tes poèmes sont toujours aussi beaux. !!!!

merci Nicole flower OK
encore !!
L'automne est vraiment la saison des couleurs merveilleuses, en ce moment la campagne bretonne rougit, se pare de roux, de jaune, d'ocre, c'est un régal pour les yeux.
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marie-josé
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marie-josé



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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeLun 19 Nov - 17:43

l'automne

Les feuilles mortes qui m'emportent
Dans un univers joyeux.
Peu importe,ces couleurs fortes,
ces rouges et jaunes,
me rendent heureux.

Dans le ciel sombre qui fait de l'ombre,
les arbres brûlent de mille feux.
La nature se repose de là ma prose
L'automne arrive dans nos milieux.


Rose
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeLun 19 Nov - 18:21

cheers cheers cheers cheers Merci Rose !!!!!
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 24 Nov - 8:03

Il n’y a qu’à vouloir

Je voudrais t’aimer
De pain blanc
De four tiède
De cire d’abeille.

T’aimer
De fleur sauvage
De miel clair
De thym et de lavande


T’aimer de rosée du matin
D’aubépine à midi
Et d’ombre propice le soir.

Pour que toutes nos journées
Soient au comble de toi
Et choses si simples
Forment l’évidence
Qu’il fait simplement bon près de toi

Claude Haller (extrait de « poème du petit matin »

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Nelly
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Nelly



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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 24 Nov - 16:52

renal a écrit:
Claude Haller (extrait de « poème du petit matin »
C'est même agréable le soir... Wink
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 15 Déc - 17:19

Il arrivait parfois ….

Il arrivait parfois que ma mère,
Après avoir coupé le pain
Et mis sur la table les verres
Sa cachât les yeux dans les mains.

D’abord, nous ne remarquions rien,
Mais brusquement, entre les doigts,
Une larme coulait à terre,
Et nous nous regardions, pantois.

Personne n’osait parler.
Et, surprise par le silence
Que semblait répandre la lampe,
Ma mère, comme réveillée

D’un étrange songe intérieur,
Baissait les mains et, souriant
De nous voir émus, balbutiait :
« Oh ! Ce n’est rien », sans que jamais
Nous n’ayons su si c’était vrai.

Maurice Carême
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 15 Déc - 17:20

Au creux de l’ombre

Pour épargner l’huile et la mèche,
On n’allumait jamais la lampe
Avant que le soir, bien à l’aise
Se fût installé dans la chambre.

Le buffet était le premier
A entrer sans façon dans l’ombre
Qui allait faire ressembler
La cuisine à un autre monde.

Puis c’était la table où les bols
De lait mettaient une pâleur
Etrange et pleine de douceur
Où semblaient passer des lucioles ;

Par les fentes de son couvercle,
Le poêle, comme un magicien,
Faisait naître partout des cercles
Scintillants et mourant sans fin.

De ma mère, je ne voyais
Plus que les mains continuant
Malgré l’obscurité croissant
A faire ce qu’elle devait.

Et, tranquille, je restais là
Si bien caché au creux de l’ombre
Que l’on aurait pu me confondre
Avec tout ce qui était là.

Maurice Carême

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marie-josé
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 15 Déc - 18:41

merci Nicole,

où étais tu ces dernier temps?
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 15 Déc - 20:53

A la maison, mais assez occupée, avec le caté, le travail et fatiguée par un gros rhume. sinon tout vas bien. Je serais là lundi sur le forum, pour te faire de gros gros bisous.

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stip
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 16 Déc - 9:32

renal a écrit:
A la maison, mais assez occupée, avec le caté, le travail et fatiguée par un gros rhume. sinon tout vas bien. Je serais là lundi sur le forum, pour te faire de gros gros bisous.

2 merveilleux textes, ma grande!
C'était toujours un plaisir pour moi, quand une instit choisissait Maurice Carême pour récitation ..... On en avait 2 par mois environ.
En plus (je jure que c'est vrai ) ce qui ajoutait au plaisir était son nom.
il m'évoquait l'époque des crêpes Laughing dans la chaleur de notre appartement, un moment de l'année privilégié.
C'eût été plus évident avec un prénom comme :--D: ...... Sami mais avec Maurice, ça le fait aussi, comme disent les gosses.
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 16 Déc - 12:22

En effet Stip, c'est un grand Monsieur.!!

Les hauts peupliers

Mon père aimait les chênes ;
Ma mère les sorbiers,
Moi, j’aimais les fontaines
Et les hauts peupliers.

De ma chambre d’enfant,
Je les voyais jouer
Comme des lévriers
Avec le chat du vent.

Leurs jeux, dans le soleil,
Jetaient sur mon cahier
Des ombres mordorées
Et des morceaux de ciel.

Ce qu’ils devenaient calmes
Lorsque tombait le soir !
Sur leurs branches étales,
Ils prenaient des étoiles.

Et tout en les berçant,
Me berçais si longtemps
Qu’à mon tour, en rêvant,
Je me voyais, jouant,
Etoile dans le vent.

Maurice Carême
extrait de « Souvenir »
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMar 18 Déc - 8:24

Carillons de Noël

Le vieux sonneur monte au clocher,
Jusqu'aux meurtrières béantes
Où les corneilles vont nicher,
Et, chétif, il vient se percher
Au milieu des poutres géantes.

Dans les ténèbres où ne luit
Qu'un falot pendant aux solives,
II s'agite et mène grand bruit
Pour mettre en danse cette nuit
Les battants des cloches massives.

Joyeuses, avec un son clair,
Les voix des cloches, par le faîte
Des lucarnes, s'en vont dans l'air
Sur les ailes du vent d'hiver,
Comme des messagers de fête.

Noël ! Noël !... Sur les hameaux
Où les gens rentrent à la brune,
Sur les bois noirs et sur les eaux
Où tout un peuple de roseaux
Frissonne au lever de la lune,

Noël !... Sur la ferme là-bas,
Dont la vitre rouge étincelle,
Sur la grand'route où, seul et las,
Le voyageur double le pas,
Partout court la bonne nouvelle...

Oh ! ces carillons argentins
Dans les campagnes assombries,
Quels souvenirs doux et lointains,
Quels beaux soirs et quels doux matins
Ressuscitent leurs sonneries !

Jadis ils me versaient au cœur
Une allégresse chaude et tendre
J'ai beau vieillir et passer fleur,
Je retrouve joie et vigueur,
Aujourd'hui, rien qu'à les entendre...

Et cette musique de l'air,
Cette gaîté sonore et pleine,
Ce chœur mélodieux et clair
Qui s'en va dans la nuit d'hiver
Ensoleiller toute la plaine,

C'est l'œuvre de ce vieux sonneur
Qui, dans son clocher solitaire,
Fait tomber, ainsi qu'un vanneur,
Cette semence de bonheur Sur tous les enfants de la terre.

André Theuriet



[img]Poésie - Page 20 Cloche10[/img]
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMar 18 Déc - 10:17

Merci Nicole, toujours à la recherche de beaux textes...
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 30 Déc - 18:30

SOIR D'AUTOMNE

Que de choses restaient à faire
Lorsque venaient les feuilles mortes !
S'asseoir sur le seuil de la porte
Était défendu à ma mère.

Mais il arrivait que l'automne
Fasse ressembler notre rue,
Distillant sa lumière jaune,
À une étonnante cornue.

Ma mère aimait cette atmosphère
De soir tombant dans la rue calme
Où l'on sentait que les étoiles
Ne demandaient plus qu'à paraître.

Assis par terre, tout près d'elle,
La tête contre son genou, Je regardais rosir le ciel
Que désertaient les hirondelles.

Et j'écoutais battre mon cœur
Comme devait battre le sien
Comblé d'un étrange bonheur
Qui ne tenait à presque rien.

Maurice Carême (extrait de souvenir)
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 30 Déc - 18:31

SUR LE CIEL ÉCARLATE

Oui, les maisons étaient trop vieilles ;
Les escaliers, trop hauts,
Mais nous avions dans les oreilles
Mille chansons d'oiseaux.

Oui, les chemins étaient trop longs
Et criblés de poussière,
Mais, devant nous, les horizons
Frissonnaient de lumière.

Oui, nos souliers étaient trop lourds;
Nos besaces, trop plates,
Mais nous voyions au loin les tours
Briller ainsi que des visages
Sur le ciel écarlate.

Maurice Carême (extrait de souvenir)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 30 Déc - 20:38

LA CANAILLE



Paroles : Alexis Bouvier
Musique : Joseph Darcier
Editeur : Vieillot

Cette chanson a été rendue célèbre par la Commune de Paris en 1871.


Dans la vieille cité française
Existe une race de fer,
Dont l’âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais, ils n’ont qu’un taudis.
C’est la canaille !
Eh bien ! j’en suis !

Ce n’est pas le pilier du bagne ;
C’est l’honnête homme dont la main
Par la plume ou le marteau gagne,
En suant, son morceau de pain.
C’est le père, enfin, qui travaille
Les jours et quelquefois les nuits.
C’est la canaille !
Eh bien ! j’en suis !

C’est l’artiste, c’est le bohème
Qui, sans souper, rime rêveur
Un sonnet à celle qu’il aime,
Trompant l’estomac par le cœur.
C’est à crédit qu’il fait ripaille,
Qu’il loge et qu’il a des habits.
C’est la canaille !
Eh bien ! j’en suis !

C’est l’homme à la face terreuse,
Au corps maigre, à l’œil de hibou,
Au bras de fer à main nerveuse
Qui sortant d'on ne sait pas où,
Toujours avec esprit vous raille,
Se riant de votre mépris.
C’est la canaille !
Eh bien ! j’en suis !

C’est l’enfant que la destinée
Force à rejeter ses haillons,
Quand sonne sa vingtième année,
Pour entrer dans nos bataillons.
Chair à canon de la bataille,
Toujours il succombe sans cris…
C’est la canaille !
Eh bien ! j’en suis !

Ils fredonnaient la Marseillaise,
Nos pères, les vieux vagabonds,
Attaquant en quatre-vingt-treize
Les bastilles dont les canons
Défendaient la vieille muraille !
Que de trembleurs ont dit depuis :
« C’est la canaille ! »
Eh bien ! j’en suis !

Les uns travaillent par la plume,
Le front dégarni de cheveux.
Les autres martèlent l’enclume,
Et se soûlent pour être heureux ;
Car la misère, en sa tenaille,
Fait saigner leurs flancs amaigris...
C’est la canaille !
Eh bien ! j’en suis !

Enfin, c’est une armée immense,
Vêtue en haillons, en sabots.
Mais qu’aujourd’hui la vieille France
Les appelle sous ses drapeaux,
On les verra dans la mitraille,
Ils feront dire aux ennemis :
C’est la canaille !
Eh bien ! j’en suis !

Patrie et Révolution ne sont pas incompatibles ....

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMar 1 Jan - 18:46

L’enfant des bonheurs sans raison

Je voudrais ne laisser de moi
Que l’image de cet enfant
Qui regardait durant des heures
Sur les plumes d’or des faisans,
Enfant aux lanternes magiques
Qui faisaient naître sur les murs
Des arabesques de verdures
Et de beaux visages bibliques,
Enfant du vent aux hirondelles,
Du pain frais qui sentait si bon,
Des jeux repris à la chandelle,
Enfant des bonheurs sans raison
Qui croyait sa mère éternelle.

Maurice Carême
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeJeu 3 Jan - 18:33

Je dépose ce poème pour tous les poètes du forum, il est vraiment beau.

J’écris

Lorsque j’étais enfant
Fallait-il être fou !
J’écrivais sur un banc
Des lettres au coucou.

A vingt ans, le bel âge !
Les hommes sont naïfs,
Je gravais dans les arbres
Des prénoms au canif.

A trente, émerveillé
De me croire poète,
Je couvrais mes cahiers
De strophes imparfaites.

A quarante, déjà,
Je me pris par la main.
Je voudrais être moi ;
Je me cherchais en vain.

A cinquante, c’est Dieu
Qui vint me tourmenter
J’ai alors essayé
De faire ce qu’Il veut.

A soixante, le doute
Me reprit la gorge.
J’œuvrais comme l’on forge
Le fer que l’on redoute.

Maintenant, assagi,
Humblement, comme on prie,
J’écris sur les genoux
Ce que le cœur me dit.

Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 12 Jan - 17:34

Va mon âme

Va, mon âme, prends ta chandelle.
Tu la rencontreras, ma mère,
Marchant, humble comme naguère,
Dans l’avenue des Acacias.
Toi qui vois ce que nul ne voit,
Mon âme, tu me conteras
D’où elle vient, où elle va,
Et si son sourire est toujours
Celui-là qu’elle avait pour moi
Quand je lui parlais à mi-voix
Du bol de lait qui, sur la table,
Me faisait trouver ineffable
L’image même du destin
Inscrit aux lignes de mes mains.

Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeVen 18 Jan - 6:30

Nuit de neige

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte, Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes. L'hiver s'est abattu sur toute floraison.
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées.
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur œil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

Guy de Maupassant (extrait de 100 récitations de notre enfance)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeVen 18 Jan - 10:17

joli, merci Nicole
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeVen 18 Jan - 10:58

Merci Nicole, très beau, même si j'ai horreur de la neige !
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 23 Jan - 8:54


Au cœur du silence

La plaine était immense
Et immense, les bois,
J’y passais mes vacances
Comme sur un trois-mâts.
Dans la hune des branches,
J’abordais quelque fois
Au cœur bleu du silence.
Et je demeurais là
Au milieu des mésanges
Qui retenaient leur voix
Sans comprendre pourquoi
J’étais si malhabile
A lire l’évangile
D’un humble bout de bois.

Maurice Carême extrait de « Souvenirs »

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 23 Jan - 8:56

[img]Poésie - Page 20 Je_vei10[/img]
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMar 5 Fév - 11:28

Jeanne était au pain sec…

Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S'indignèrent, et Jeanne a dit d'une voix douce:
-Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce;
Je ne me ferai plus griffer par le minet.
Mais on s'est récrié: - Cette enfant vous connaît;
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.
Pas de gouvernement possible. À chaque instant
L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;
Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête.
Vous démolissez tout. -
Et j'ai baissé la tête, Et j'ai dit: -Je n'ai rien à répondre à cela,
J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là
Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.
Qu'on me mette au pain sec.
-Vous le méritez, certes,
On vous y mettra. -
Jeanne alors, dans son coin noir,
M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,
Pleins de l'autorité des douces créatures : -
Eh bien, moi, je t'irai porter des confitures.

Victor Hugo (L’art d’être Grand Père)
(extrait du livre « Les enfants en poésie »)
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 6 Fév - 10:53

Proximité de l’être aimé

Je pense à toi, lorsque les lueurs du soleil
Brillent dans la mer.
Je pense à toi, lorsque le scintillement de la lune
Se mire dans les sources.

Je te vois, lorsqu’au loin sur le chemin
La poussière se soulève,
Dans la nuit profonde, lorsque sur l’étroit sente
Le voyageur tressaille.

Je t’entends, lorsque des murmures étouffés
La vague monte là-bas.
Dans le paisible bosquet je vais souvent pour écouter
Quand tout se tait.

Je suis auprès de toi, aussi loin sois-tu,
Tu es près de moi.
Le soleil baisse, bientôt brilleront les étoiles.
Ah ! Si tu étais là !

Goethe (poésie allemande)

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Nelly
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 6 Fév - 16:13

renal a écrit:
Proximité de l’être aimé

Je suis auprès de toi, aussi loin sois-tu,
Tu es près de moi.
Le soleil baisse, bientôt brilleront les étoiles.
Ah ! Si tu étais là !
Il reviendra, Nicole, c'est promis ! Wink
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 10 Fév - 8:38


Ce qui se passait Aux Feuillantines vers 1813

Enfants ! aimez les champs,
les vallons, les fontaines,
Les chemins que le soir
emplit de voix lointaines,
Et l'onde et le sillon, flanc jamais assoupi,
Où germe la pensée à côté de l'épi.
Prenez-vous par la main
et marchez dans les herbes ;
Regardez ceux qui vont liant
les blondes gerbes ;
Epelez dans le ciel plein de lettres de feu,
Et, quand un oiseau chante,
écoutez parler Dieu.

(Victor Hugo extrait de Les rayons et les ombres 1840)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 10 Fév - 13:24

Baudelaire
Don Juan aux enfers


Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine
Et quand il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, œil fier comme Antisthène,
D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.

Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.

Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.

Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l'époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.

Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir ;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeLun 11 Fév - 18:44

Un soir d’hiver

Quand à la fenêtre la neige tombe,
Que longuement la cloche du soir sonne,
Pour beaucoup la table est mise
Et la maison est bien pourvue.

Plus d’un, parti en voyage,
Arrive à la porte par de sombres sentiers.
D’or l’arbre des grâces fleurit,
De la terre et de sa fraîche vigueur.

Voyageur entre en paix ;
La douleur pétrifia le seuil.
Alors brillent dans une clarté pure
Sur la table pain et vin.

Georg Trakl (poésie allemande)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 20 Fév - 8:47

N’aie pas peur

Quand tu ne vois plus le ciel,
cela s'appelle une chambre. ;
Quand tu ne vois plus les arbres,
cela s'appelle un mur.
Quand tu cries après ta maman
et qu'elle ne répond pas,
cela s'appelle la distance.
Quand tu ne vois plus rien,
cela s'appelle la nuit.
N'aie pas peur:
dans le mur il y a des lucarnes
pour imaginer les arbres invisibles.
N’aie pas peur
Ta maman est toujours là,
Malgré la distance,
Malgré l’espace,
Malgré la nuit :
Elle est au fond de ton cœur.

Alain Bosquet
(Extrait du livre « Les enfants en poésie »)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 20 Fév - 9:51

Merci Nicole, très beau...Bises
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 2 Mar - 7:58

Je me souviens de cette école.

Je me souviens de cette école
Où nous revenions en septembre.
L’ombre y jouait à pigeon vole.
Nos bancs sentaient la nouvelle encre.

Les froids précoces aux carreaux
Suspendaient d’étranges rideaux.
Roi dans les barres, chat perche,
Nous ne rêvions que de grands prés.

Nous regardions par la fenêtre
Les nuées flâner dans le vent.
Caressante, la voix du maître
Avait un parfum d’origan.

On avait repeint les tableaux.
Les lettres semblaient si blanches,
Elles nous rappelaient les branches
Lourdes d’ombelles des sureaux.

Et le cœur enserré
Qu’une noisette dans sa coque,
Nous attendions tous que la cloche
Fît des oiseaux de nos cahiers.

Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 2 Mar - 14:10

L'affiche rouge

Aragon

Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant

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marie-josé
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 2 Mar - 17:45

J'arrive où je suis étranger

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Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus

Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps

C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie

C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux

O mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger


Louis Aragon


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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 2 Mar - 19:09

Est-ce ainsi que les hommes vivent


Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.
Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent

Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faÏence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent


Louis Aragon

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 3 Mar - 8:22

La vie aux Champs

Dès que suis assis, les voilà tous qui viennent
C’est qu’ils savent que j’ai leurs goûts ; ils se souviennent
Que j’aime comme eux l’air, les fleurs, les papillons,
Et les bêtes qu’on voit courir dans les sillons.
Ils savent que je suis un homme qui les aime,
Un être auprès duquel on peut jouer, et même
Crier, faire du bruit, parler à haute voix ;
Que je riais comme eux et plus qu’eux autrefois,
Et qu’aujourd’hui, sitôt qu’à leurs ébats j’assiste,
Je leur souris encor, bien que je sois plus triste.
Ils disent, doux amis, que je ne sais jamais
Me fâcher ; qu’on s’amuse avec moi ; que je fais
Des choses en cartons, des dessins à la plume ;
Que je raconte, à l’heure où la lampe s’allume,
Oh ! des contes charmants qui vous font peur la nuit,
Et qu’enfin je suis doux, pas fier et fort instruit.
Ainsi, dès qu’on m’a vu : « Le voilà ! » tous accourent
Ils quittent jeux, cerceaux et balles ; ils m’entourent
Avec leurs beaux grands yeux d’enfants, sans peur, sans fiel,
Qui semblent toujours bleus, tant on y voit le ciel !

Victor Hugo, extrait de « Les enfants en poésie »

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 3 Mar - 8:30

Aux fenêtres du temps

Aux fenêtres du temps,
J’ai regardé le monde.
Je me suis vu, enfant,
Jouant tout seul dans l’ombre.

Que faisais-je, riant
Dans les herbes profondes ?
Aux fenêtres du temps
S’enfuyait les colombes.

Je me voyais parlant
Comme l’on parle en songe
Dressé sur le ciel sombre
Ainsi qu’un rosier blanc
Aux fenêtres du temps.

Maurice Carême
(Extrait de « Souvenir »)
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMar 5 Mar - 10:26

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMar 5 Mar - 10:36

Magnifique Nicole, Merci
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 6 Mar - 7:20

Les fleurs du papier de ta chambre

« Nous sommes sur le mur
Et ne sommes pas dures,
Nous avons un parfum
Plus léger que nature
Et qui sent un jardin
Dans les pays futurs
Ou les pays anciens,
C'est là notre parure.
Et nous nous répétons,
Du parquet au plafond,
Crainte d'être incomprises,
Parce que nous n'avons
Ni fraîcheur ni saisons
Ciel, abeilles ni brises. »
Une main sur le mur,
C'est l'enfant qui s'éveille,
Elle a grand'peur, allume,
Le papier de la chambre
À soi-même est pareil,
Il veille et l'accompagne.
Le pied touche le bois
Du lit toujours sérieux
Qui lui dit dans ses voix :
«Ce n'est pas l'heure encore
De partir pour l'école.»
Anita se rendort
Dans le calme parfum
De son papier à fleurs
Dont les belles couleurs
Ignorant le repos
Dans la nuit, à tâtons,
Sans se tromper jamais
Élaborent l'aurore.

Jules Supervielle (extrait du livre « Les enfants en poésie »)
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeJeu 7 Mar - 1:03

C'est court, mais j'aime bien le message.

Le corâme


Ruisseau s’écoule sur la falaise liliale
Il aboutit sur l’épaule de son vassal
À cinq chevaliers, ils vont à la rescousse
De l’orchidée qui tente de perdre son émousse

Bourgeons déployés, mais amour indéfini
Abysses du cœur tourmenté ne sont pas guéris
Mais, épée à la main et poing bien haut levé
Elle retrouve le courage de persévérer

Parades, esquives, flèches avec agilité
Mais, elle continue malgré les intempéries
Elle sait que personne n’est à l’abri du mépris
La créature de justice en est désolée

Mais, c’est le prix à payer pour vivre ici
Sous cette pauvre et belle enveloppe charnelle
Qui est extrêmement loin d’être éternelle
Le prix est cher payer pour malmener la vie

- Mystisch

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeJeu 7 Mar - 8:30

C'est un beau poème Merci Colombe flower
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeJeu 7 Mar - 8:32

Chanson à boire le punch

Quatre éléments
Intimement assemblés
Forment la vie,
Edifient le monde.

Pressez du citron
La juteuse étoile,
Amer est au plus intime
Le noyau de la vie.

A présent avec la saveur
Apaisante du sucre
Tempérez la force
Amère et brûlante.

Versez l’eau
En jets ondoyants.
Qu’elle envahisse
Paisiblement le tout

Ajoutez-y
Un zeste d’esprit,
Lui seul donne
La vie à la vie.

Avant que cela ne s’évapore
Puisez-le vite
Car ce n’est que brûlante
Que la source désaltère.

Friedrich Schiller (Poésie allemande)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeVen 15 Mar - 8:34

La rue qui t’a vu naître

Malgré ses murs bas et ternis,
L’étroite rue qui t’a vu naître
Te fut toujours une fenêtre
Large ouverte sur l’infini.

Les matinées étaient si belles
Que, jaillissant partout des bois,
Des oiseaux au cœur de leurs ailes
Se suspendaient au bord des toits.

La campagne allégée de pies
Passait entre les contrevents.
Tu entendais rire le temps
Dans les horloges assoupies

Personne ne savait plu bien
Où commençait l’humble cuisine
Ni où finissait le jardin.
Ils étaient cousin et cousine.
Et l’on eût juré que le ciel,
A midi, n’avait qu’à étendre
Sa longue nappe d’un bleu tendre
Pour rendre la table éternelle.

Maurice Carême extrait de « Souvenirs »

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 20 Mar - 8:34

J'étais allée voir Ruy Blas dans un petit théâtre de fortune avec Lambert Wilson dans le rôle titre. Tout y était excellent, la grandiloquence parfois écrasante de l'écriture du grand Victor Hugo disparaissant à la scène, celle-ci donnait sa pleine mesure au génie intemporel de l'auteur.
Cette colère de Ruy Blas est celle d'un peuple contre ses élites.
[Ruy Blas, premier ministre du roi d’Espagne, surprend les conseillers du roi en train de se partager les richesses du royaume.]

RUY BLAS, survenant.
Bon appétit, messieurs !

Tous se retournent. Silence de surprise et d'inquiétude. Ruy Blas se couvre, croise les bras, et poursuit en les regardant en face.

Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !
– Mais voyez, regardez, ayez quelque pudeur.
L'Espagne et sa vertu, l'Espagne et sa grandeur,
Tout s'en va. – nous avons, depuis Philippe Quatre,
Perdu le Portugal, le Brésil, sans combattre ;
En Alsace Brisach, Steinfort en Luxembourg ;
Et toute la Comté jusqu'au dernier faubourg ;
Le Roussillon, Ormuz, Goa, cinq mille lieues
De côte, et Fernambouc, et les montagnes bleues !
Mais voyez. – du ponant jusques à l'orient,
L'Europe, qui vous hait, vous regarde en riant.
Comme si votre roi n'était plus qu'un fantôme,
La Hollande et l'Anglais partagent ce royaume ;
Rome vous trompe ; il faut ne risquer qu'à demi
Une armée en Piémont, quoique pays ami ;
La Savoie et son duc sont pleins de précipices.
La France pour vous prendre attend des jours propices.
L'Autriche aussi vous guette. Et l'infant bavarois
Se meurt, vous le savez. – quant à vos vice-rois,
Médina, fou d'amour, emplit Naples d'esclandres,
Vaudémont vend Milan, Leganez perd les Flandres.
Quel remède à cela ? – l'État est indigent,
L'état est épuisé de troupes et d'argent ;
Nous avons sur la mer, où Dieu met ses colères,
Perdu trois cents vaisseaux, sans compter les galères.
Et vous osez ! ... – messieurs, en vingt ans, songez-y,
Le peuple, – j'en ai fait le compte, et c'est ainsi ! –
Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie,
Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie,
Le peuple misérable, et qu'on pressure encor,
A sué quatre cent trente millions d'or !
Et ce n'est pas assez ! Et vous voulez, mes maîtres ! ... –
Ah ! J'ai honte pour vous ! – au dedans, routiers, reîtres,1
Vont battant le pays et brûlant la moisson.
L'escopette est braquée au coin de tout buisson.
Comme si c'était peu de la guerre des princes,
Guerre entre les couvents, guerre entre les provinces,
Tous voulant dévorer leur voisin éperdu,
Morsures d'affamés sur un vaisseau perdu !
Notre église en ruine est pleine de couleuvres ;
L'herbe y croît. Quant aux grands, des aïeux, mais pas d'oeuvres.
Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L'Espagne est un égout où vient l'impureté
De toute nation. – tout seigneur à ses gages
À cent coupe-jarrets qui parlent cent langages.
Génois, sardes, flamands, Babel est dans Madrid.
L'alguazil 2, dur au pauvre, au riche s'attendrit.
La nuit on assassine, et chacun crie: à l'aide !
– Hier on m'a volé, moi, près du pont de Tolède ! –
La moitié de Madrid pille l'autre moitié.
Tous les juges vendus. Pas un soldat payé.
Anciens vainqueurs du monde, Espagnols que nous sommes.
Quelle armée avons-nous ? À peine six mille hommes,
Qui vont pieds nus. Des gueux, des juifs, des montagnards,
S'habillant d'une loque et s'armant de poignards.
Aussi d'un régiment toute bande se double.
Sitôt que la nuit tombe, il est une heure trouble
Où le soldat douteux se transforme en larron.
Matalobos 3 a plus de troupes qu'un baron.
Un voleur fait chez lui la guerre au roi d'Espagne.
Hélas ! Les paysans qui sont dans la campagne
Insultent en passant la voiture du roi.
Et lui, votre seigneur, plein de deuil et d'effroi,
Seul, dans l'Escurial 4, avec les morts qu'il foule,
Courbe son front pensif sur qui l'empire croule !
– Voilà ! – l'Europe, hélas ! Écrase du talon
Ce pays qui fut pourpre et n'est plus que haillon.
L'état s'est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !
Ce grand peuple espagnol aux membres énervés,
Qui s'est couché dans l'ombre et sur qui vous vivez,
Expire dans cet antre où son sort se termine,
Triste comme un lion mangé par la vermine !

Acte III, sc. 2

Oui, c'est ça le génie.


Dernière édition par stip le Mer 20 Mar - 11:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeMer 20 Mar - 8:43

Smile Merci
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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeJeu 21 Mar - 11:06

SUR LE CIEL ÉCARLATE

Oui, les maisons étaient trop vieilles ;
Les escaliers, trop hauts,
Mais nous avions dans les oreilles
Mille chansons d'oiseaux.

Oui, les chemins étaient trop longs
Et criblés de poussière,
Mais, devant nous, les horizons
Frissonnaient de lumière.

Oui, nos souliers étaient trop lourds;
Nos besaces, trop plates,
Mais nous voyions au loin les tours
Briller ainsi que des visages
Sur le ciel écarlate.

Maurice Carême (extrait de souvenir)

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeSam 6 Avr - 17:01

Par monts et par mots

Il ne faut jamais dire non
Au plaisir d’un bon mot
Au pied de ces beaux monts
Un bon mot n’est pas de trop.

Par monts et par mots
Jusqu’au refuge le plus haut
Par mots et par monts
Une montagne, un démon.

Inaccessibles cimes
Sous ma plume, les mots
Inaccessibles rimes
Un beau mont pour un bon mot.

Chaleur sur le chalet
Des monts le soleil est si près
Cyprès et verts sapins
De monts, de mots, des parfums

Il ne faut jamais dire non
Au plaisir d’un bon mot
Des monts décrits nom de nom
Des mots dont aucun n’est de trop.

Gildas Feré extrait de « Les mots décollent »

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitimeDim 7 Avr - 7:43

Le poète

Vivre de sa plume
Lui qui aime les oiseaux
Vivre de son encre,
Lui qui rêve de bateaux
Tout cela semble logique
Tout cela semble assez beau

Gildas Feré extrait de « Les mots décollent »

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MessageSujet: Re: Poésie   Poésie - Page 20 Icon_minitime

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